La visite d'une dizaine de parlementaires français, députés et sénateurs de droite et de gauche, en Crimée du 22 au 25 juillet fait polémique en France.
La controverse porte sur l'opportunité de cette visite alors que la Crimée est considérée par l'Union européenne (UE) et la France comme territoire annexé en 2014 par la Russie, à l'issue d'un referendum jugé "illégal".
Selon le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, cette visite de ses collègues parlementaires est une "honte" pour le Parlement français. "C'est une honte que ces dix parlementaires se rendent en Crimée sans avoir le moindre rapport avec les autorités ukrainiennes. C'est une soumission et une honte pour le Parlement français. Je regrette donc, que ces parlementaires, financés par une association russe, se soient rendus en Crimée ", a déclaré M. Le Roux, sur les ondes de la radio France Inter. Le député socialiste estime qu'un parlementaire ne doit pas aller à l'encontre du droit international qui ne reconnait pas le référendum de l'annexion de la Crimée.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius est également "choqué" par cette visite selon la presse française. Pour le chef de la diplomatie française qui s'est exprimé devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, "il y a un risque d'instrumentalisation de ce déplacement par les médias russes et un risque de violation du droit international. Car rentrer en Crimée sans l'autorisation des autorités ukrainiennes, c'est reconnaitre les prétentions de Moscou", ont rapporté les journaux français.
Le groupe d'amitié France-Russie, présidé par la socialiste Chantal Guittet, craint aussi une possible "instrumentalisation" de cette visite par les autorités russes.
" (...) Leur présence en Crimée est une forme de reconnaissance de l'annexion de cette dernière par la République de Russie. Et les autorités russes vont instrumentaliser leur venue pour pointer du doigt la division des Européens (...) Ce genre d'initiative est contraire aux traditions républicaines et nuisent à l'action de la diplomatie française", a indiqué dans un communiqué, la présidente de ce groupe.
Quant aux dix parlementaires, ils ont justifié leur déplacement par le besoin d'aller voir sur place ce qui se passe en Crimée et la nécessité de renouer le dialogue avec la Russie.
Répondant aux critiques de M. Fabius, le Républicain, Jacques Myard, un des dix parlementaires qui a visité la Crimée, indique sur BFMTV : "Je lui (Fabius) ai fait remarquer en Commission des affaires étrangères que je sentais dans ces propos comme une sorte de jalousie parce qu'il sait très bien (...) qu'il s'est enfermé dans une impasse doctrinale, de suivisme avec les ultra-européens. Il faut que la politique étrangère française retrouve son indépendance"
D'après M. Myard, il faut à un moment sortir du politiquement correct : "cesser de dire que la Crimée est une terre ukrainienne car il est bien évident que c'est une terre russe et qu'il n'y a rien de choquant dans le retour de la Crimée à la Russie. Et prétendre le contraire est un déni de réalité".
Son collègue Républicain, Thierry Mariani ajoute que la délégation des dix parlementaires ne parle pas au nom du gouvernement français en Crimée. "Nous avons des positions différentes avec le gouvernement, et en tant que parlementaire, je n'obéis à aucun gouvernement", a déclaré M. Mariani également membre de la délégation.
Ce n'est pas la première fois qu'une initiative de parlementaires français va à l'encontre de la position officielle de la France.
En février dernier, la visite de parlementaires français (deux députés et deux sénateurs) rendue au président syrien Bachar Al-Assad avait fait polémique en France. Les autorités françaises qui ont rompu tout contact avec Damas depuis 2012, avaient également dénoncé cette visite.