Dernière mise à jour à 16h29 le 22/12
Le 18 décembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution proposant une solution politique à la question syrienne. La résolution approuvée par le Conseil réaffirme le « communiqué de Genève » de 2012 et le consensus dégagé en novembre de cette année lors de la deuxième réunion des Ministres des affaires étrangères sur la Syrie, qui insistent sur le fait que c'est le peuple syrien qui doit décider de l'avenir de la Syrie.
C'est une résolution historique. Il n'y a pas si longtemps encore, un certain nombre de puissances occidentales tentaient de maitriser le destin du peuple syrien. Certaines d'entre elles même, par l'entremise de groupes d'opposition armés, ont poussé à la guerre civile, cherchant à renverser le gouvernement légitime de la Syrie. Leur idée était très simple. Tout comme ils l'avaient fait en Libye en soutenant l'opposition armée pour renverser le régime de Kadhafi, pourquoi n'auraient-ils pas pu reproduire ce « modèle libyen » en Syrie ?
Malheureusement pour eux, ils se sont trompés sur toute la ligne. Tout d'abord, Bachar el-Assad est pas Kadhafi. Il possède un vaste soutien populaire dans le pays, et s'il en est le président légitime, c'est dû au résultat d'un processus électoral. Et à l'échelle internationale, il n'est pas seul. Beaucoup de pays qui soutiennent la justice et de personnes clairvoyantes s'opposent à la politique d'ingérence arbitraire des Etats-Unis dans les affaires intérieures de la Syrie, à leur pratique de politique de la force. Et c'est pourquoi les tentatives des pays occidentaux menés par les Etats-Unis pour évincer Bachar el-Assad par la force n'ont pas réussi.
Deuxièmement, la Syrie a toujours été un carrefour où se réunissent les intérêts et les contradictions de toutes les parties. Les gens perspicaces l'ont également appelée la « poudrière du Moyen-Orient ». Hélas, certains inconscients n'ont pas trouvé mieux que de mettre le feu à ce baril de poudre. Et c'est ainsi que la guerre civile syrienne a éclaté en 2011, et que ses retombées ne cessent depuis de se manifester : d'abord, les réfugiés syriens ont continué d'affluer vers les pays voisins, avec l'impact que cela peut avoir sur les économies locales. Ensuite, Aarsal, ville-frontière avec le Liban voisin, a été envahie par des groupes extrémistes syriens, faisant plus de 100 victimes parmi les soldats de l'armée libanaise. L'organisation Etat islamique a aussi profité de la situation chaotique pour continuer à renforcer sa puissance, s'emparant de villes et de zones en Syrie et en Irak, où elle commet toutes sortes d'atrocités. Puis elle a à nouveau élargi ses objectifs vers les pays occidentaux, entraînant de nombreux décès et blessures chez les civils innocents. Le problème des réfugiés syriens a également conduit à une vague de réfugiés qui a déferlé sur l'Europe. La Syrie a également payé un lourd tribut : la guerre civile qui dure depuis cinq ans a déjà coûté la vie à plus de 250 000 personnes et amené le déplacement de 12 millions de personnes.
Cette leçon sanglante a finalement ouvert les yeux de certains dirigeants occidentaux. Estimant également que la guerre civile syrienne, telle qu'elle continue, n'offre aucune porte de sortie, ne pouvant rendre que plus difficile encore la résolution de la crise. Ils ont donc commencé à accepter l'idée d'une solution politique à la question syrienne, essayé de s'entendre avec la Russie et d'autres pays pour coordonner leurs positions, et accepté que l'opposition et le gouvernement syriens négocient. Aujourd'hui, les efforts inlassables et la médiation active de l'Organisation des Nations Unies permettent aux gens d'entrevoir un espoir de paix.
Maintenant que l'idée d'une solution politique à la crise syrienne a été adoptée lors du Conseil de sécurité de l'ONU, la question qui demeure est de savoir comment mettre en œuvre l'esprit de cette résolution, afin d'aider à la résolution du problème aussi rapidement que possible.
La première chose à faire est de parvenir à la conclusion d'un cessez-le feu. Après la 3e réunion des ministres des affaires étrangères sur la Syrie à New York, le Ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a souligné qu'il est impératif d'engager des pourparlers de paix et de trouver un cessez-le feu pour mettre fin à la violence. Sans pourparlers de paix, aucun cessez-le-feu ne sera durable ; et s'il n'y a pas de cessez-le-feu, les pourparlers de paix ne seront pas viables.
Cela signifie que les pourparlers de paix doivent être effectués simultanément avec un accord de cessez-le-feu. Les parties belligérantes à la guerre civile en Syrie doivent d'abord, sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies, prendre des dispositions pour un cessez-le-feu global. Et plus tôt cet arrangement sera conclu, mieux ce sera. Parce que, même avec un cessez-le-feu et des pourparlers de paix, les parties ont aussi l'obligation de continuer à lutter contre les groupes extrémistes armés installés en Syrie. Tout retard sur cette question ne fera qu'entraver les efforts visant à se concentrer sur la lutte contre l'Etat islamique, le Front al-Nosra et autres organisations terroristes, leur laissant une chance de récupérer.
Cette chance pour la paix, durement gagnée, doit être chérie par tous comme un trésor. On peut toujours craindre que quelqu'un, mené par quelques intérêts égoïstes, oublie le but principal, la fin de la guerre civile en Syrie et la lutte contre les forces terroristes. En particulier, l'Organisation des Nations Unies devrait assumer ses responsabilités, encourager les pourparlers de paix, encourager la coopération, encourager la formation d'une grande coalition internationale de lutte contre le terrorisme. Mais elle doit aussi condamner et intervenir contre ceux qui entravent délibérément ces efforts.
Seul le peuple syrien a le droit de décider de l'avenir de la Syrie. Le jour où l'on aura réussi à faire revenir la paix en Syrie sera aussi celui où les réfugiés syriens pourront retourner dans leurs foyers.
Ren Yaqiu
22 décembre 2015