Dernière mise à jour à 08h34 le 02/02
Après la visite de François Hollande à Cuba en mai 2015, la première d'un chef d'État occidental sur l'île depuis la victoire de la révolution castriste sur le régime de Batista en 1959, c'est au tour du Président cubain Raul Castro de faire une visite d'Etat en France, dans ce qui est la première incursion européenne d'un dirigeant cubain en deux décennies, au moment où Cuba ouvre son économie. Présent depuis samedi à Paris pour un séjour strictement privé, Raul Castro a entamé au sommet des Champs-Elysées pavoisés aux couleurs de son pays la première visite d'un chef d'Etat cubain dans la capitale française depuis celle de son frère aîné Fidel il y a 21 ans.
Ce déplacement intervient après qu'un accord constituant une véritable percée ait été trouvé à Paris en décembre, avec l'aide de la France, pour alléger la dette étrangère de Cuba - et quelques jours à peine après que la France ait accueilli le chef d'un autre Etat longtemps paria aussi, l'Iran. Outre l'accueil officiel à l'Arc de Triomphe lundi, Raul Castro a participé à un dîner d'Etat avec le Président français François Hollande. La délégation cubaine rencontrera également des chefs d'entreprise français et le directeur de l'UNESCO.
Selon l'Elysée, la France entend s'affirmer à cette occasion comme le « premier partenaire » politique et économique européen de l'île des Caraïbes. De fait, plusieurs grandes entreprises françaises ont investi à Cuba, dont notamment le groupe Pernod-Ricard, qui y produit le Rhum Havana Club, mais aussi Accor dans le secteur du tourisme, Bouygues dans celui du bâtiment et de la construction, Alcatel-Lucent dans le domaine des télécommunications et Total et Alstom dans celui de l'énergie. Malgré cette présence, les échanges commerciaux restent à un niveau très faible, avec un volume de quelque 180 millions d'Euros par an, chiffre qui, selon Matthias Fekl, Ministre français du commerce extérieur « ne sont pas encore à la hauteur de nos ambitions ».
Néanmoins, la France entend renforcer la présence de ses entreprises dans un pays qui s'ouvre progressivement à l'économie de marché avec la conclusion d'accords dans les domaines du tourisme, des transports ou du commerce équitable. Outre l'aspect commercial, la France voit aussi en Cuba un élément clé de la relance de ses relations avec l'Amérique Latine. Suivant les pas du général de Gaulle qui y fit un voyage historique en 1964, le président Hollande effectuera là-bas fin février une tournée qui le conduira au Pérou, en Argentine et en Uruguay. Cuba a déjà entamé un rapprochement spectaculaire fin 2014 avec son vieil ennemi américain, concrétisé par la réouverture d'ambassades dans les deux pays l'été dernier.