Dernière mise à jour à 08h12 le 19/01
Les autorités et la classe politique en France ont multiplié les réactions après les propos critiques de Donald Trump à l'endroit de l'Europe, notamment de l'Alliance atlantique, qualifiée "d'obsolète", tout en prédisant le succès du Brexit.
Le président François Hollande a ainsi sèchement répondu à son futur homologue américain, lors de la remise de la Légion d'honneur à l'ambassadrice des Etats-Unis à Paris, Jane Hartley, que l'Europe "n'a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu'elle a à faire".
"L'Europe sera toujours prête à poursuivre la coopération transatlantique, mais elle se déterminera en fonction de ses intérêts et de ses valeurs", a-t-il noté, ajoutant que l'OTAN "ne sera obsolète que lorsque les menaces le seront devenues elles aussi".
Le chef de l'Etat français a également rappelé à cette occasion ce qui fonde depuis fort longtemps les relations entre l'Europe et les Etats-Unis. Celles-ci "ont toujours été fondées sur des principes et des valeurs. Ces valeurs s'appellent le respect, le soutien mutuel en cas de péril, mais aussi l'attachement à la démocratie, la défense des libertés, et cette égalité entre femmes et les hommes, la dignité de l'être humain".
Les Etats-Unis et l'Europe partagent également la même conception du droit d'asile pour celles et ceux qui fuient les persécutions et les conflits. Ce principe est l'un de ceux qui ont fondé la nation américaine, a rappelé M. Hollande en faisant allusion aux propos de M. Trump qui a critiqué la décision de la chancelière allemande Angela Merkel d'accueillir un million de réfugiés.
Quelques heures plus tôt, c'est le ministre des Affaires étrangères, Jean Marc-Ayrault, qui a réagi brièvement depuis Bruxelles. Pour lui, "la meilleure façon de défendre l'Europe, c'est un peu l'invitation que nous fait M. Trump, c'est de rester unis, de faire bloc", a-t-il déclaré au micro de LCI.
L'ancien Premier ministre Manuel Valls, actuellement candidat à la primaire de la gauche, a qualifié les propos de M. Trump de "provocation" et de "déclaration de guerre à l'Europe".
Le futur président américain "propose tout simplement la dislocation de l'Europe sur les sujets commerciaux, sur les questions migratoires et c'est particulièrement grave et c'est du jamais vu dans la relation entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe", a-t-il dit sur BFMTV.
Arnaud Montebourg, également candidat à la primaire de la gauche, estime que Donald Trump "a dans le viseur la destruction de l'Europe" et a appelé à faire face pour la sauver. "Nous allons devoir prendre des mesures visant à construire des blocs très offensifs au sein de l'Union si nous voulons la sauver. Sinon, nous allons donner raison à Donald Trump, qui a dans le viseur la destruction de l'Union européenne", a-t-il déclaré sur France Inter.
L'annonce de la victoire de Donald Trump en novembre dernier avait suscité plus d'interrogations que de joie dans la classe politique française, à l'exception du Front national.
M. Hollande déclarait alors que le résultat de l'élection américaine ouvrait "une période d'incertitude", ajoutant qu'il allait engager une discussion avec la future administration Trump, mais "avec vigilance et franchise, car certaines positions prises par Donald Trump durant la campagne américaine doivent être confrontées aux valeurs et aux intérêts que nous partageons avec les Etats-Unis".
Dans son récent entretien accordé aux journaux allemand Bild et britannique The Times, Donald Trump a qualifié l'OTAN d'obsolète et prédit que le succès du Brexit poussera d'autres pays à quitter l'UE. Il a également qualifié d'erreur catastrophique la décision de la chancelière allemande Angela Merkel d'accueillir autant de migrants.