Dernière mise à jour à 13h27 le 03/03
Le procureur général américain Jeff Sessions a déclaré jeudi qu'il se récuserait de toute enquête sur l'influence éventuelle de la Russie sur la campagne présidentielle de Donald Trump, un jour après que les médias ont révélé qu'il avait parlé avec l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis deux fois l'an dernier, mais ne l'avait pas précisé au Sénat lors de ses audiences d'approbation de sa nomination à son poste actuel.
"J'ai rencontré un responsable russe à plusieurs reprises", a confirmé M. Sessions lors d'une conférence de presse jeudi après-midi, tout en rejetant les accusations selon lesquelles il aurait tenté de tromper le Sénat au sujet de ses relations avec la Russie.
"Ce n'était pas mon intention. C'est inexact", a-t-il déclaré.
Sa décision de se récuser de ce type d'enquête "ne devrait pas être interprétée comme une confirmation de l'existence d'une enquête de ce type", a-t-il ajouté.
Le président Donald Trump a déclaré jeudi matin aux journalistes qu'il avait une confiance "totale" en Jeff Sessions, même s'il "ne savait pas" que M. Sessions, alors sénateur républicain, avait eu des contacts avec Sergueï Kisliak, l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis à l'époque.
Des représentants des deux partis demandent le départ de M. Sessions, dont les démocrates Nancy Pelosi de la Chambre des représentants et Chuck Schumer du Sénat.
M. Sessions a menti alors qu'il avait prêté serment lors de ses audiences devant le Sénat, a fait valoir jeudi Mme Pelosi.
Le ministère de la Justice doit nommer un procureur spécial pour examiner si l'enquête actuelle est compromise par M. Sessions, a déclaré M. Schumer.
M. Sessions a parlé en privé au téléphone avec l'ambassadeur russe depuis son bureau en septembre, ont rapporté mercredi les médias américains.
Deux mois avant leur entretien téléphonique, M. Sessions avait rencontré M. Kisliak et lui avait parlé de façon informelle lors d'un événement tenu au think-tank conservateur Heritage Foundation (Fondation du patrimoine), à laquelle 50 autres ambassadeurs étaient également présents, a indiqué mercredi Sara Isgur Flores, la porte-parole de M. Sessions.
"La rencontre était courte et informelle", a déclaré la porte-parole, ajoutant qu'en tant que membre important du Comité de l'armée au Sénat à l'époque, M. Sessions rencontrait régulièrement des ambassadeurs étrangers.
"Je n'ai jamais rencontré des responsables russes pour discuter de la campagne électorale. Je ne vois pas où ces accusations veulent en venir. C'est faux", a déclaré M. Sessions dans un communiqué publié vers minuit.
Au cours de ses audiences devant le Sénat au début de l'année, M. Sessions a été interrogé sur ce qu'il ferait s'il apprenait qu'un membre de l'équipe de campagne de M. Trump avait discuté avec les autorités russes au cours de la campagne présidentielle de 2016. Il avait alors répondu: "Je ne suis pas au courant de telles activités. [...] J'ai servi de remplaçant une ou deux fois lors de la campagne et je n'ai pas eu d'échanges avec les Russes".
M. Sessions n'a pas considéré que ses entretiens avec M. Kisliak entraient dans le cadre de cette question et ne se souvenait pas clairement de leurs discussions, ont indiqué des responsables du ministère de la Justice.
M. Sessions a été l'un des premiers soutiens de M. Trump et l'un de ses principaux conseillers lors de la campagne électorale de ce dernier.
Le premier conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Michael Flynn, a démissionné en février après qu'il a été révélé qu'il s'était entretenu avec M. Kisliak des sanctions américaines contre la Russie.