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Un an après les attentats de Bruxelles : la peur et la tentation du repli plus présentes

Xinhua | 23.03.2017 08h29

Des cérémonies de commémoration du premier anniversaire des attentats du 22 mars 2016, qui ont fait 32 morts et 320 blessés en Belgique, ont été organisées mercredi à Bruxelles. Les attentats ont eu un impact énorme sur la vie politique et sociale durant toute l'année : la sécurité est indiscutablement la priorité, mais la peur et la tentation du repli sont aussi plus présentes.

MECONTENTEMENT

La dernière victime hospitalisée après ces attentats a pu regagner son domicile le 15 février dernier. Au total, 224 personnes ont dû être hospitalisées à la suite des attaques terroristes perpétrées d'une part à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et, d'autre part, à la station de métro Maelbeek. Certaines victimes reçoivent toutefois encore aujourd'hui des soins dans des centres de rééducation.

Mais les victimes attendent d'être prises en considération par le gouvernement et attendent une reconnaissance nationale de leur statut de victime. Elles attendent également d'être remboursées pour leurs frais de santé et une indemnisation définitive sur le long terme.

"Les familles des victimes n'ont reçu aucune aide du gouvernement", se plaint Anna qui a perdu sa mère Janina Panasewicz, 61 ans, dans la station Maelbeek il y a un an. Mme Panasewicz avait quitté la Pologne en 1998 pour venir travailler à Bruxelles et offrir des études à ses enfants.

Eddy van Calster, le mari d'une Belge tuée à l'aéroport de Bruxelles, a créé une association rassemblant des victimes des attentats, V-Europe. Une centaine de blessés et de proches de disparus en sont membres. Et le travail ne manque pas, entre les démarches auprès des assurances et les contacts avec les administrations et les autorités de l'Etat.

SECURITE

Les attentats ont eu un impact énorme sur la vie politique et sociale durant toute l'année. La sécurité est indiscutablement la priorité. La migration est également au centre du débat politique.

Après les attentats, le gouvernement a pris des mesures pour renforcer l'arsenal de sécurité du pays : le retrait de la nationalité aux auteurs d'infractions terroristes condamnés est désormais possible; les perquisitions sont possibles 24 heures sur 24 dans les dossiers de terrorisme.

Par ailleurs, le Parlement a approuvé, fin décembre 2016, la création d'une banque de données PNR (Passenger Name Record) visant à enregistrer les données des passagers du transport aérien mais aussi maritime, routier et ferroviaire; les contrôles aux frontières ont été restaurés et le déploiement des militaires dans les rues de grandes villes reste d'actualité, concernant 1.100 soldats.

Sur ce point, de nombreux syndicalistes exigent qu'une solution structurelle soit dégagée et déplorent que la constitution d'un corps de sécurité spécifique soit retardée. Le gouvernement a également créé une ligne budgétaire distincte de 400 millions d'euros alloués aux services de police, de justice et de renseignement.

Selon le ministre de l'Intérieur Jan Jambon, la Belgique est plus sûre qu'il y a un an. "Beaucoup de moyens matériels et légaux ont été mobilisés dans la lutte contre le terrorisme. Mais notre adversaire n'est pas resté les bras croisés pour autant. Tant que l'Etat islamique existe, on ne pourra pas dire que le cancer a été éradiqué". Mais il avait reconnu que Molenbeek, la commune bruxelloise souvent considérée comme la capitale européenne du djihadisme, "n'est pas encore entièrement sous contrôle".

REPLI SUR SOI

Pour les gens ordinaires, rencontrer des militaires en rue, se faire fouiller à l'entrée d'une salle de concert ou d'un centre commercial est entré, bon gré mal gré, dans les habitudes. Selon un sondage récent, près d'un Belge sur deux penserait qu'il faut dorénavant apprendre à vivre avec la menace terroriste, puisqu'il n'existerait aucune solution pour éradiquer complètement celle-ci.

Pour Michaël Dantinne, criminologue à l'Université de Liège et cité récemment par le journal belge Le Soir, les attentats ont fonctionné comme le catalyseur d'une série d'affects négatifs présents dans la société. Tandis que par le passé, de tels événements auraient plutôt eu un effet fédérateur ou été un facteur d'unité, c'est moins le cas aujourd'hui. "Plutôt qu'agir comme ciment d'une société fragmentée, ils agissent comme de l'eau qui s'insère dans une roche fissurée : en aggravant ses failles".

Le roi Philippe a exprimé mercredi lors d'une cérémonie de commémoration sa conviction quant à la responsabilité pour tout un chacun d'agir afin de rendre la "société plus humaine et plus juste".

"Réapprenons à nous écouter mutuellement, à nous respecter et à corriger nos faiblesses. Et surtout, osons la tendresse. En cette journée de recueillement et de souvenir, notre pays vous doit cet engagement", a-t-il souligné.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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