Dernière mise à jour à 09h12 le 29/03
Lors d'une conférence de presse, le prétendant à l'Elysée Emmanuel Macron est monté au créneau, mardi, pour répliquer à ses détracteurs qui affirment que, s'il est élu, il ne pourrait gouverner, faute de majorité politique parlementaire cohérente. Le fondateur du mouvement "En Marche!", qui a engrangé de multiples soutiens à gauche comme à droite, a plaidé en faveur de sa "méthode de la vraie alternance" et a précisé la manière dont il compte diriger le pays.
"Notre objectif est de tourner la page des cinq dernières années, et plus largement des 20 dernières années, avec les pratiques politiques qui les ont accompagnées", a lancé, depuis son quartier général de campagne, mardi après-midi, l'ancien ministre de l'Economie du président Hollande.
"J'ai voulu présenter la méthode de la vraie alternance que nous sommes en train de construire, celle entre l'impuissance et l'efficacité, entre le monde d'hier et le monde nouveau", a déclaré Emmanuel Macron. Son objectif: "Faire travailler ensemble ceux qui partagent notre projet, peu importe le camp d'où ils viennent","changer les usages, et aussi les visages parce que on ne peut pas faire du neuf avec du vieux".
Le fondateur du mouvement "En Marche!" a dénoncé le "tic tac de la droite et de la gauche", "les ministres choisis en fonction de leur supposé poids politique et sans autre légitimité que le fait d'être des apparatchiks", la classe politique "encore trop composée d'hommes de plus de 50 ans".
Emmanuel Macron, au coude à coude dans les sondages avec la présidente du Front national Marine Le Pen dans la course à la présidentielle, a manifestement voulu couper court aux critiques récurrentes qui mettent en doute sa capacité à gouverner et à disposer d'une majorité parlementaire.
Le prétendant à l'Elysée a d'abord tracé les contours de son gouvernement qui ne sera pas dirigé par un nouveau venu mais un responsable politique d'expérience, "choisi pour ses compétences", a-t-il dit.
Le gouvernement sera resserré et ne comptera que 15 ministres, désignés pour leurs qualités et non "pour leur poids politique", a-t-il ajouté. La moitié seront des femmes, "y compris à des ministères de premier plan", a-t-il précisé. Une "partie conséquente" des ministres seront issus de la société civile, a poursuivi Emmanuel Macron.
Le candidat d'En Marche! s'est par ailleurs engagé à en finir avec "l'hyper-responsabilité" du président de la République. Les ministres travailleront sous l'autorité du premier
d'entre eux, "avec une feuille de route claire" et "selon les objectifs (qu'il aura) fixés", a-t-il déclaré.
L'ancien ministre de l'Economie, qui a engrangé des soutiens à gauche, au centre comme à droite, a également clairement laissé entendre qu' il ne comptait pas être l'otage des différentes sensibilités politiques qui l'ont rejoint. "Tous les soutiens sont les bienvenus mais aucun soutien ne m'empêchera de réformer et d'avancer", a-t-il lâché.
A mesure que le premier tour de l'élection présidentielle approche, la question des élections législatives de juin devient plus prégnante. Si les candidats d'En Marche! ne sont pas portés par la vague des présidentielles, un Président Macron serait contraint de former une coalition parlementaire trans-partisane, voire former un gouvernement de cohabitation dès le début de son quinquennat, avancent ses détracteurs.
Emmanuel Macron a balayé cette hypothèse. "Mon gouvernement pourra s'appuyer sur une majorité parlementaire qui sera obtenue grâce à la cohérence dont les Français ont toujours fait preuve. S'il m'élisent, il ne fait pas de doute que les Français iront jusqu'au bout de leur choix. Nous obtiendrons cette majorité grâce à la qualité de nos candidats", a-t-il rétorqué. "La question de la majorité se pose à ceux qui ont déjà des frondeurs avant même les législatives", a-t-il raillé, en désignant sans les nommer Benoît Hamon et François Fillon.
"Le mouvement sera ouvert mais cohérent, ce sera une majorité d'efficacité. Nous investirons 577 candidats sous la bannière de la majorité présidentielle. Il y aura une moitié de femmes candidates et ils devront être irréprochables d'un point de vue pénal", a-t-il déclaré. "Il n' y aura aucun accord d'appareil", a-t-il affirmé.
"14.000 candidatures ont été recueillies", s'est félicité le leader du mouvement En Marche!, indiquant que les 577 candidats macronistes, choisis parmi 14.000 offres de candidatures, seraient issus pour moitié de la société civile, pour moitié du monde politique, qu'ils viennent de la gauche, de la droite ou du centre. Aucun d'entre eux ne devra avoir de casier judicaire B2 ou être sous le coup d'une peine d'inéligibilité, a-t-il précisé.
Les candidats devront également s'engager à respecter les règles de moralisation de la vie politique défendus par le programme d'En Marche! : pas plus de trois mandats successifs, pas d'embauche de membres de sa famille et pas d'activité de conseil pendant la durée du mandat.
Emmanuel Macron a d'autre part indiqué que les investitures des candidats pour les législatives se feraient "par vagues successives" d'ici "au lendemain du second tour de la présidentielle" prévue le 7 mai.
Le candidat à la présidentielle a terminé son intervention en évoquant les nombreux électeurs indécis qui, selon plusieurs enquêtes, affirment n'avoir toujours pas choisi pour qui ils allaient voter le 23 avril lors du premier tour de scrutin. D'après ces sondages, près de la moitié de l'électorat d'Emmanuel Macron serait encore particulièrement volatile.