Dernière mise à jour à 09h43 le 01/07
Simone Veil est décédée vendredi à l'âge de 89 ans, a annoncé sa famille. Féministe engagée, rescapée d'Auschwitz, elle fut ministre de la Santé du président français Valéry Giscard d'Estaing en 1974, avant de devenir en 1979 présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel. Elle a notamment mené à bien la loi sur la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse qui porte son nom.
Le président Emmanuel Macron a immédiatement réagi à l'annonce de son décès. "Très vives condoléances à la famille de Simone Veil. Puisse son exemple inspirer nos compatriotes, qui y trouveront le meilleur de la France", a-t-il tweeté, tandis que son prédécesseur François Hollande a écrit: "Simone Veil a traversé l'Histoire et a fait l'Histoire. La France perd une de ses grandes consciences".
Mme Veil, qui s'est éteinte à son domicile parisien, a longtemps figuré parmi les personnalités les plus populaires de l'Hexagone tant elle était devenue une figure iconique de l'histoire de la République française et de celle de l'Europe. Centriste, humaniste, pro-européenne, femme d'Etat, ancienne magistrate et surtout ancienne rescapée des camps de la mort, elle a profondément marqué les esprits et la conscience collective du peuple français.
Elle incarne en effet trois moments clés du XXe siècle sur le Vieux continent : la Shoah, l'émancipation des femmes et la construction européenne. Elle fait partie des rares juifs français ayant survécu à la déportation à Auschwitz, elle symbolise aux yeux des Françaises la conquête du droit à l'avortement et elle s'est imposée comme l'une des figures de la construction européenne.
En mai 1974, alors juriste de 46 ans sans étiquette, Simone Veil est nommée ministre de la Santé par Valéry Giscard d'Estaing. Quelques mois plus tard, elle parviendra, malgré de très vives hostilités, à imposer une loi - qui porte désormais son nom - instaurant la légalisation de l'Interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle passera cinq ans au ministère de la Santé, avant de devenir en 1979 la première présidente du Parlement européen élu au suffrage universel.
Simone Veil, née Jacob le 13 juillet 1927 à Nice dans une famille juive non pratiquante, fut raflée en avril 1944 et embarquée avec ses proches à destination du camp d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Alors âgée de 16 ans et demi, elle prétend, sur les conseils d'un déporté, qu'elle en a 18 et évite ainsi les chambres à gaz. En janvier 1945, elle sera transférée jusqu'au camp de Mauthausen, puis de Bergen-Belsen. Sa mère y trouvera la mort. Son père et son frère Jean eux aussi ne survivront pas à la déportation.
Simone Veil a gardé toute sa vie le matricule 78651 qui lui avait été tatoué sur le bras à Auschwitz par les nazis et s'est engagée en faveur de la mémoire du génocide. Elle fut notamment présidente d'honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
Elle fut députée européenne jusqu'en 1993, date à laquelle Edouard Balladur la rappelle au gouvernement en la nommant ministre d'Etat en charge des Affaires sociales. Au cours des années 1990, elle va s'éloigner du monde politique pour se consacrer au Conseil constitutionnel.
A la fin des années 2000, elle se retire peu à peu de la vie publique. En 2007, elle quitte le Conseil constitutionnel, puis, quelques semaines plus tard, la présidence de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Elle a été élue à l'Académie française en 2008.