Dernière mise à jour à 09h10 le 06/07
Le discours de politique générale du Premier ministre français Edouard Philippe, présenté mardi à l'Assemblée nationale, a été diversement apprécié par les députés.
Les parlementaires Les Républicains (LR), qui se sont majoritairement abstenus à voter la confiance au gouvernement, se disent peu convaincus par le discours de M. Philippe.
"Il y a eu certes un certain nombre de mesures annoncées qui me conviennent et qui correspondent à l'intérêt de la France, mais on est très loin du cap qu'attendent nos compatriotes, très loin de l'audace nécessaire pour redresser notre pays", a affirmé le député LR Guillaume Peltier.
"C'est un discours raté", a jugé son collègue LR Eric Woerth, tout en précisant que son parti entend s'opposer en s'abstenant. Car "l'abstention est une opposition, ce n'est pas une hésitation. On a décidé d'être une opposition vigilante, solide et responsable mais aussi bienveillante, parce qu'il y a quelques points sur lesquels nous sommes d'accord", a-t-il indiqué.
Le groupe socialiste aussi a exprimé son inquiétude par l'abstention. Seuls 3 députés sur 31 ont voté la confiance au gouvernement. "Ce discours a confirmé ce qui était ma position : c'est-à-dire que je me serais abstenue. Il y a dans ce que le gouvernement dit des choses intéressantes que l'on a envie de soutenir. Et puis en même temps, il y a des points d'alerte, sur les politiques sociales en particulier", a expliqué la députée du Parti socialiste (PS) Laurence Rossignol.
Contrairement aux abstentionnistes, qui sont d'accord sur certains points avec la déclaration du Premier ministre, la France insoumise (FI), le Parti communiste français (PCF) et le Front national (FN) ont rejeté systématiquement le discours de M. Philippe, en votant contre.
Selon Jean-Luc Mélenchon, il s'agit d'un "coup d'Etat social". Celui-ci affirme que le gouvernement cherche à "disposer par le moyen des ordonnances du droit de renverser tout l'ordre public social de notre pays et sa hiérarchie des normes. 8 jours pour abolir les résultats de 100 ans de lutte et de compromis social de mai 36 à mai 68. Vous voulez tout disloquer en deux votes", accuse M. Mélenchon.
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, dénonce dans la foulée une continuité avec le quinquennat Hollande. "Il y a un manque de précision évident, en particulier quand ça fait mal. Il y a un cap plus que jamais maintenu. En vérité, il y a au niveau des politiques d'austérité et des politiques d'écrasement de la dépense publique une très grande continuité avec les deux quinquennats précédents", a-t-il souligné.
De son côté, Marine Le Pen s'attaque aux "promesses" du Premier ministre Edouard Philippe que sont : "L'augmentation de la fiscalité, la CSG qu'il a confirmé tout en renvoyant aux calendes grecques la disparition de la taxe d'habitation, l'augmentation de la fiscalité sur le diesel, celui du prix du paquet de cigarette. Tout cela va avoir des conséquences très lourdes sur le pouvoir d'achat de nos compatriotes", a-t-elle prévenu.
Pour Nicolas Dupont-Aignan, qui a également voté contre, le discours de M. Philippe est la preuve que le mouvement d'Emmanuel Macron est en marche "vers la récession, vers la pire politique de régression sociale", de hausse d'impôt et de réduction des dépenses. "Il y a de belles intentions, un beau décor, mais derrière se cache une purge économique et sociale qui va casser la croissance. Ce qui n'a pas marché sous Hollande en petit va être expérimenté en grand", a-t-il indiqué.
Mais selon le camp présidentiel, qui a voté majoritairement (370 députés) la confiance au gouvernement, il y avait du "concret" dans le discours de M. Philippe. "Il y a également beaucoup d'éléments de calendrier, ce qui donne de la visibilité aux acteurs économiques et aux citoyens. On est dans un rassemblement autour de mesures qui sont remontées du terrain pour faire changer les choses", a expliqué le député La République en marche (LREM), Matthieu Orphelin.
Le Premier ministre Edouard Philippe a obtenu, après plus d'une heure de discours, une large confiance de l'Assemblée avec 370 députés ayant voté pour, 67 contre et 129 abstentions. Parmi les nouvelles mesures annoncées figure la hausse du paquet de cigarette à 10 euros, l'instauration obligatoire des vaccins recommandés pour la petite enfance ou encore la fin des nouveaux permis d'exploration d'hydrocarbures.