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France : Macron victime de ses réformes après 100 jours au pouvoir

Xinhua | 16.08.2017 09h16

La cote de popularité du président français Emmanuel Macron, qui vient de passer 100 jours au pouvoir, est toujours en baisse selon les sondages qui se succèdent depuis peu. Une chute qui s'explique en partie par les économies budgétaires pour 2017, initiées par le gouvernement, le départ en cascade de plusieurs ministres cités dans des affaires alors même que le nouveau régime est porteur d'un projet de moralisation de la vie politique.

Elu président de la République en mai dernier avec 66,10% des suffrages, contre 33,9% pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron a passé lundi la barre des 100 premiers jours au pouvoir avec une cote de popularité en berne.

Selon un sondage Ifop publié vendredi dernier, seulement 36% des Français se disent satisfaits de l'action d'Emmanuel Macron contre 64% de mécontents. Soit dix points d'avis négatifs de plus que son prédécesseur François Hollande (54% mécontents contre 46% de satisfaits) à la même période.

Sur le seul mois de juillet, la cote de popularité du président français est passée de 43% à 36% d'opinions favorables, selon un sondage YouGov pour CNews et Le HuffPost publié en début août. A l'origine de cette baisse, les réformes engagées par le gouvernement, notamment la baisse des aides au logement de 5 euros par mois à partir d'octobre.

"Nous devons engager une réforme globale des aides personnelles au logement (APL). C'est quelque chose qui est tout à fait indispensable parce que nous sommes avec des montants qu'il faut arriver à maîtriser, mais surtout avec des réformes structurelles à mettre en place", indiquait fin juillet sur RTL le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard.

Une annonce qui fera polémique en France à cause du statut social des bénéficiaires de l'APL. Pour les opposants ainsi qu'un nombre important de Français, en baissant cette aide, le gouvernement s'attaque aux plus pauvres, car l'APL est versée aux ménages les plus modestes pour favoriser leur accès au logement.

L'aide au logement a coûté 20 milliards d'euros à l'Etat l'an dernier, selon les chiffres officiels. Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Edouard Philippe avait souligné l'importance de ce coût comparé aux voisins européens. "Nous dépensons deux fois plus que nos voisins européens dans l'aide au logement et les Français éprouvent toujours autant de difficultés à se loger", avait-il déploré.

A la polémique soulevée par la baisse des APL s'ajoute celle de la démission du chef d'état-major des armées relative à la baisse du budget de la Défense, dans un contexte de lutte contre le terrorisme.

Le général Pierre de Villiers a en effet refusé d'accepter cette coupe, à hauteur de 850 millions d'euros en 2017, souhaitée par le gouvernement. Et il a exprimé son opposition avec des mots durs, rapportés par la presse.

"Le grand écart pour les objectifs assignés à nos forces et les moyens alloués n'est plus tenable (...) On a déjà tout donné" ou encore "Je ne me laisserai pas b..... comme ça", aurait-t-il déclaré lors d'une audience à huis clos à l'Assemblée nationale. Il s'en est suivi un bras de fer par médias interposés entre le président Macron et le général qui finira par rendre sa démission. Là également, le président Macron sera sévèrement critiqué, notamment par son opposition qui l'a accusé "d'autoritarisme" ou de "caporalisme".

Le transfert sur la CSG des cotisations des salariés ou encore les efforts d'économie demandés aux collectivités locales comme la suppression de la taxe d'habitation sont entre autres des réformes qui suscitent aussi des remous. Dans une interview au figaro.fr, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop, fait un lien entre la chute de la cote de popularité du président français et les réformes qu'il a entreprises.

"A partir du discours de politique générale et des annonces des coupes dans différents ministères, la comète Macron est rentrée dans l'atmosphère. On est alors aux prises avec le réel qui est compliqué, car il y a des arbitrages à prendre, des manœuvres sont étroites, et donc on génère du mécontentement", a indiqué M. Fourquet.

L'affaire des assistants parlementaires mettant en cause plusieurs ministres du gouvernement Philippe a également contribué à écorner l'image de la nouvelle équipe dans l'opinion, et donc à la forte baisse de la cote de popularité de M. Macron.

La première fausse note est née avec les révélations du Canard enchaîné qui a accusé le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, un des fidèles du président, d'avoir favorisé en 2011 son épouse dans un marché immobilier alors qu'il était directeur général des Mutuelles de Bretagne, et d'avoir embauché en 2014 son fils comme collaborateur parlementaire alors qu'il était député socialiste.

L'opposition a vite fait le parallèle avec l'affaire dite Penelopegate et M. Ferrand a fini par démissionner. Il sera suivi plus tard par ses collègues des Armées, Sylvie Goulard, des Affaires européennes, Marielle de Sarnez, et de la Justice, François Bayrou.

Responsables du MoDem, soutien de Macron, ces trois ministres sont également cités dans une enquête préliminaire sur les soupçons d'emplois fictifs des assistants parlementaires de leur parti. Des démissions en cascade qui interviennent au moment où le gouvernement s'apprêtait à mettre en œuvre une de ses grandes promesses de campagne : la moralisation de la vie politique.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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