Dernière mise à jour à 08h31 le 29/06
Après leur faible score aux élections législatives, les dissensions internes continuent de miner les principaux partis de l'opposition jusque dans l'hémicycle, réduisant ainsi leur marge de manœuvre à l'Assemblée nationale.
La droite (LR), déjà très affaiblie par la vague de ralliement de plusieurs de ses responsables à Emmanuel Macron, est à nouveau divisée en deux camps à l'Assemblée nationale, notamment avec la constitution d'un nouveau groupe LR dénommé "Les constructifs: Républicains, UDI, indépendants".
Ce groupe créé avec les centristes UDI aura une "attitude constructive vis-à-vis des réformes dont le pays a besoin, et qui seront proposées par le gouvernement", a expliqué le député LR, Thierry Solère, en conférence de presse commune avec le président de l'UDI, Jean Christophe Lagarde.
Une position qui tranche d'avec celle du groupe dirigé par le député Christian Jacob, fidèle à la ligne du parti LR qui est de s'opposer à Emmanuel Macron. "Notre groupe, réduit mais vivant, doit être le fer de lance de l'opposition que nous ne pouvons laisser ni à l'extrême gauche, ni à l'extrême droite", a indiqué M. Jacob dans sa lettre de candidature à la présidence du groupe.
Même ambiance à gauche notamment au Parti socialiste. Car bien qu'ils soient pour le moment dans le même groupe parlementaire, les députés socialistes ne sont pas pour autant d'accords sur la ligne à adopter face au nouveau pouvoir (opposition radicale ou constructive).
Le Conseil national du PS, qui s'est réuni le samedi 24 juin, indique dans une résolution que le parti est dans l'opposition à la majorité présidentielle. "Nous avons adopté une résolution qui affirme que le PS est clairement dans l'opposition au gouvernement Philippe et ne votera pas la confiance", a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole du parti, Rachid Temal.
Mais cette décision du Conseil national n'est pas partagée par tous, et des voix se lèvent déjà pour inviter le parti à revoir sa position. C'est par exemple le cas du député socialiste et ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.
"Ma disposition d'esprit (...) est de faire en sorte que ce groupe aille dans un certain sens qui n'est pas une opposition aujourd'hui radicale à ce qui est mis sur la table", a déclaré M. Le Foll sur BFMTV, indiquant qu'il plaidera pour éviter que le groupe PS ne vote contre la confiance au gouvernement.
Sur ce dernier point, beaucoup de députés socialistes, qui ne sont pas favorables à une opposition radicale à la majorité, comptent s'abstenir pour ainsi éviter de voter contre la confiance au gouvernement lors du discours de politique général du Premier ministre le 4 juillet prochain.
Quant au FN qui revendiquait le statut de premier parti d'opposition au sortir de l'élection présidentielle qui l'a propulsé en seconde position, son faible score aux législatives a chamboulé ses plans. Avec seulement 8 députés sur les 577 que compte l'Assemblée nationale, le parti de Marine Le pen ne peut même pas constituer un groupe pourtant nécessaire pour jouer pleinement son rôle d'opposant au sein de l' Hémicycle.
Qu'en est-il alors de la France insoumise et du Parti communiste français (PCF) ? Avec 16 députés, la France insoumise qui entre pour la première fois à l'Assemblée nationale a pu constituer un groupe parlementaire, seule, sans le PCF qui a pourtant obtenu 11 députés.
Ces deux anciens alliés à l'élection présidentielle ont battu campagne séparément lors des législatives, faute de consensus. Un divorce sur fond d'invective qui n'a pas facilité des retrouvailles au sein d'un même groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Le PCF, qui défend pourtant la même cause que la France insoumise, s'est appuyé sur les députés ultramarins (4), pour créer aussi son propre groupe.
Morcelée, l'opposition réduit sa marge de manœuvre face au parti au pouvoir et ses alliés, déjà fortement majoritaire à l'Assemblée où le temps de parole est fonction de la taille des groupes. La taille des groupes est également déterminante dans la composition des commissions, et les postes du bureau de l'Assemblée sont affectés en fonction des groupes.