Dernière mise à jour à 10h04 le 22/06
Selon quatre diplomates du bloc, les dirigeants européens ne devraient pas soutenir, lors du prochain sommet de l'Union Européenne, l'appel du Président français Emmanuel Macron qui souhaite la limitation des prises de participation d'investisseurs étrangers dans les industries stratégiques. S'ils sont d'accord pour surveiller ces investissements, ils n'envisagent néanmoins pas pour autant une nouvelle législation pour y faire barrage. Le rachat de la société suisse Syngenta par la société chinoise ChemChina pour 43 milliards de dollars a ravivé les craintes que l'Europe perde le contrôle d'activités stratégiques, mais, selon ces diplomates, de nombreux gouvernements de l'Union européenne sont trop dépendants des investissements chinois pour les limiter.
« Je ne pense pas que bloquer les investissements chinois soit à l'ordre du jour », a déclaré un responsable de l'UE. Lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement qui a lieu jeudi et vendredi à Bruxelles, les dirigeants vont discuter d'une Europe plus protectrice, défendue par Emmanuel Macron durant sa campagne électorale, une Europe qui limiterait les effets néfastes de la mondialisation. Le Président français espère plaider, pour son premier sommet européen depuis son élection, en faveur d'un mécanisme à l'échelle européenne qui permettrait de limiter les prises de contrôles étrangères dans certains secteurs industriels.
Son idée a reçu le soutien de l'Allemagne et de l'Italie, qui a exprimé sa contrariété à l'instar de la France après le feu vert donné en avril par la Commission européenne à la fusion ChemChina/Syngenta. Selon le Rhodium Group, les investissements directs chinois dans l'UE ont bondi de 77% en 2016 par rapport à 2015, atteignant plus de 35 milliards d'euros, tandis que ceux de l'UE en Chine ont enregistré un repli pour la deuxième année consécutive. « Il faut que les Européens comprennent que leur mission c'est de défendre un système de régulation de la mondialisation fondé sur des règles, à la fois ouvert mais aussi très ferme quand la concurrence n'est pas loyale », a déclaré la présidence de la République française.
Mais de petits pays, comme la Hongrie et la Grèce, dont le premier port, Le Pirée, est passé sous pavillon chinois, ont fortement besoin des investissements de la Chine et s'opposent à toute tentative de blocage. D'autres fervents partisans du libre-échange, comme la Suède, s'y opposent aussi, mais pour une toute autre raison : ils veulent empêcher toute mesure susceptible d'encourager le protectionnisme défendu par le Président américain Donald Trump. Dans un souci de compromis, les dirigeants européens pourraient donc accepter « d'étudier les manières d'identifier et d'examiner les investissements de pays tiers dans les secteurs stratégiques ». Ils devraient également souligner la nécessité de respecter les compétences des États membres et se borner à déclarer que les États sont seulement d'accord pour demander à l'exécutif européen de fournir des recommandations en matière de prises de contrôle étrangères, autrement dit aucune proposition législative contraignante, selon un des diplomates.