Dernière mise à jour à 09h39 le 21/06
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Plants, a révélé que le réchauffement climatique pourrait faire disparaître jusqu'à 60% de la production de café en Éthiopie au cours des 80 prochaines années, à moins que les agriculteurs ne se déplacent vers des terres plus élevées. Quand on sait que l'Éthiopie est le lieu de naissance du café et que ses nomades furent les premiers à reconnaître les pouvoirs stimulants du café au 10e siècle (bien qu'alors ils mangeaient les baies plutôt que de les préparer), c'est une nouvelle plutôt alarmante. L'Éthiopie a donné au monde le Coffea arabica, l'espèce qui fournit aujourd'hui la plus grande partie du café du monde, et elle est le cinquième producteur mondial de grains de café. C'est aussi le plus grand producteur africain de café Arabica, et environ 15 millions d’Éthiopiens dépendent de cette industrie, qui rapporte 800 millions de dollars au pays chaque année, pour vivre.
Mais avec les effets du changement climatique -des températures plus élevées, moins de précipitations et une sécheresse croissante- qui touchent les régions productrices de café, les chercheurs ont prédit que l’Éthiopie pourrait perdre entre 39 et 59% de ses zones de production de café d'ici 2100, car la terre ne sera plus en mesure de soutenir la croissance lors des 30 dernières années du siècle. Au cours des 50 dernières années, les températures moyennes en Éthiopie ont augmenté de 1,5°C et les précipitations ont diminué de près de 100 centimètres. Au cours de l'étude de trois ans, les agriculteurs locaux ont déclaré aux chercheurs que certains pouvaient se souvenir d'excellentes récoltes annuelles il y a six ou sept décennies, mais aujourd'hui, les bonnes récoltes dans certaines régions clés ne se produisent qu'une fois tous les cinq ans.
« Tous sauf quelques-uns ont rapporté qu'il y avait eu des changements dans leur climat local et régional, y compris une augmentation de l'imprévisibilité des saisons », a déclaré à l'AFP le coauteur de l'étude Aaron Davis, scientifique au Royal Botanic Gardens au Royaume-Uni. Mais il n'est pas trop tard pour agir. En utilisant des images satellitaires et des modèles climatiques pour prédire les changements entraînés par le réchauffement climatique en Éthiopie, les chercheurs ont constaté qu'il était encore possible de préserver les cultures de café en les déplaçant vers des terrains plus élevés.
La plus grande du café en Éthiopie est cultivée sur les hauts plateaux à des altitudes de 1 200 à 2 200 mètres, mais à mesure que les régions inférieures deviennent plus inhospitalières, les chercheurs pensent qu'il sera possible de le développer à des altitudes encore plus élevées. Ils ont constaté que plus haut, il y a plus du double des 19 000 kilomètres carrés actuellement utilisés, bien qu'une partie soit boisée. Ce ne sera pas facile : il faudra beaucoup de coordination, d'efforts et de ressources -ce que de nombreux agriculteurs et petits exploitants locaux n'ont pas- mais cette étude a au moins un mérite, en plus de nous alerter une fois de plus sur les conséquences potentiellement tragiques du changement climatique, c'est de nous dire que l'industrie du café de l’Éthiopie peut être sauvée si des efforts sont entrepris maintenant.