Dernière mise à jour à 14h07 le 23/09
La manifestation baptisée "marche contre le coup d'Etat social" qui doit se dérouler samedi à Paris, à l'appel de La France insoumise (LFI), devrait fédérer et permettre à Jean-Luc Mélenchon de revendiquer une victoire. Au-delà de la lutte contre la réforme du Code du travail, celui qui est arrivé 4e au premier tour de la présidentielle est "un bon entrepreneur politique qui veut incarner l'opposition au président Macron", estime le politologue Dominique Andolfatto.
"Le phénomène de La France insoumise (LFI) doit beaucoup à la personnalité de Jean-Luc Mélenchon. C'est un bon orateur, charismatique, qui possède un savoir-faire militant et le sens de la mise en scène. On peut dire que c'est un bon entrepreneur politique", déclare, dans une interview accordée à Xinhua, le professeur de science politique à la faculté de droit de Dijon.
Au-delà de sa lutte contre la réforme du Code du travail, il "veut s'imposer et incarner l'opposition à Emmanuel Macron. L'état de la gauche socialiste à l'issue d'une campagne présidentielle inédite qui a rebattu les cartes lui permet d'occuper l'espace. Même si le groupe LFI à l'Assemblée nationale ne compte que 17 députés, ils font beaucoup de bruit", note le politologue.
"Jean-Luc Mélenchon dispose d'un nombre important de réseaux militants bien organisés qui sont autant de relais potentiels. Beaucoup de jeunes ont voté pour lui. Emmanuel Macron a fait un moins bon score que lui dans cette classe d'âge", relève l'universitaire.
"Sans faire de la météo sociale qui est un art bien difficile, on peut supposer que ce que La France insoumise a baptisé 'marche contre le coup d'Etat social' (...) va rassembler du monde. Si Jean-Luc Mélenchon réussit à faire mieux que la CGT, il pourra trouver les arguments pour affirmer que la manifestation est un succès et revendiquer une victoire", poursuit-il.
Avant d'ajouter toutefois : "Reste que cela ne veut pas dire pour autant que cela fera fléchir le gouvernement. Le mouvement La France insoumise manque de réalisme et donne beaucoup dans le registre de l'utopie".
"Pour agir sur la réalité, il ne suffit pas de partager des intérêts et des idées avec un grand nombre d'autres personnes, d'avoir conscience de cet intérêt commun et, donc, de défiler ensemble", souligne Dominique Andolfatto.
"Il faut une organisation capable de transformer ce mécontentement individuel en une force collective, et un mécanisme, tel des caisses de grève ou de solidarité, qui permette d'indemniser les participants à l'action afin de dépasser le stade de l'arrêt de travail symbolique et de mettre les employeurs, privés ou publics, ou le pouvoir politique dans de réelles difficultés, sinon leur infliger des dommages économiques afin qu'ils ne soient pas tentés de prolonger l'épreuve de force et acceptent de négocier et de modifier leurs intentions", développe-t-il.
"De plus, les revendications doivent être acceptées par la majorité des adhérents et des négociateurs en capacité de négocier de façon cohérente et d'égal à égal avec les employeurs et les pouvoirs publics. Dans la France d'aujourd'hui, aucune de ces conditions n'est réunie", conclut le politologue.