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Le modèle identitaire européen est malmené, selon Dominique de Villepin

Xinhua | 09.11.2017 08h34

Dans un entretien accordé à Xinhua, l'ancien ministre français des Affaires étrangères et ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, met en lumière des facteurs pouvant expliquer la multiple crise que traverse le Vieux continent, secoué par la montée des populismes.

"Le modèle identitaire européen est malmené aujourd'hui", estime-t-il, plaidant pour que l'Europe "réaffirme son ambition culturelle" et travaille à "inscrire suffisamment son effort dans la durée".

"Chacun essaie de s'accrocher à un certain nombre d'identités, les racines judéo-chrétiennes, la mémoire historique de l'Europe, les défis que nous avons pu réaliser ensemble, les épreuves, les tragédies qu'a traversées l'Europe...", observe-t-il.

"Tout ceci est fait de façon parcellaire et vécu avec beaucoup d'inquiétudes par nombre de nos populations à un moment où les défis à relever sont importants. A commencer par le défi terroriste et le défi historique des migrations qui se prolongera pendant de nombreuses décennies", poursuit-il.

"Notre culture, notre modèle européen identitaire ne font pas l'objet, à mon sens, d'un travail suffisant, et c'est pour cela que j'en appelle à réaffirmer une ambition culturelle, une volonté de vivre ensemble pour les Européens, réaffirmer un art de vivre européen et une éducation européenne. Le président (Emmanuel) Macron a ainsi par exemple avancé l'idée d'universités européennes", plaide le diplomate devenu conférencier, désormais à la tête de Villepin International, société de conseil en management et en stratégie.

"L'Europe doit prendre davantage conscience de ses atouts, de l'histoire qu'elle a charriée au fil de siècles. Ceci doit être véritablement vécu de façon plus vivante par les Européens pour permettre de traverser les crises et sortir de ces poussées de fièvre populiste, xénophobe, que connaît régulièrement l'Europe, où elle cède aux passions sans inscrire suffisamment son effort dans la durée", estime-t-il. Avant d'ajouter: "Nous ne mesurons pas suffisamment la chance que nous avons de participer à cette aventure européenne".

"A l'échelle des Etats nations européens, nous n'avons pas la capacité de peser. Il faut prendre en compte la nouvelle réalité du monde: aller vers une plus grande décentralisation afin de prendre en compte le besoin d'identité, les inquiétudes qui s'expriment à travers le populisme, et à travers certaines poussées xénophobes, et dans le même temps prendre la mesure de cette mondialisation qui donne un avantage aux larges entités et à des puissances émergentes comme l'Inde, comme la Chine", suggère-t-il.

"Beaucoup d'Européens sont inquiets pour leurs enfants, ils ont le sentiment qu'ils vivront moins bien qu'eux-mêmes. Il faut dépasser ce manque de confiance en l'avenir afin de mobiliser les énergies", conclut-il.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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