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"La politique africaine d'Emmanuel Macron se distingue par un changement de ton" selon l'expert français Philippe Hugon

Xinhua | 07.02.2018 09h35

"La politique africaine d'Emmanuel Macron se distingue par un changement de ton" a indiqué Philippe Hugon, directeur de recherches à l'IRIS, spécialiste de l'Afrique interrogé ce mardi par Xinhua.

Selon lui, le chef de l'Etat français se distingue de ses prédécesseurs par le ton "très direct et décomplexé" qu'il utilise avec les dirigeants africains lors de ses rencontres mais aussi lors de ses discours dont celui de Ouagadougou en novembre dernier.

"Emmanuel Macron s'adresse aux Africains comme des interlocuteurs responsables, avec un ton direct qui ne s'inscrit pas dans un héritage colonial" a-t-il expliqué. Selon l'expert, le président français se distingue également de ses prédécesseurs par certains sujets tabous qu'il aborde, notamment ceux liés à la démographie : "Emmanuel Macron dit par exemple qu'il est de la responsabilité des femmes elles-mêmes de contrôler la fécondité par l'accès à l'éducation".

S'il voit une différence dans le ton et la volonté du président français, Philippe Hugon ne voit pas en revanche pas de grandes ruptures dans les actions initiées par le chef de l'Etat, qui maintient les efforts en matière de gestion sécuritaire et en direction de la formation des jeunes : "Emmanuel Macron est entouré de jeunes entrepreneurs et répond davantage aux nouvelles générations d'Africains" a souligné l'expert français, précisant qu'il met l'accent sur la jeunesse "sur des sujets comme la création d'emplois territorialisés et la formation professionnelle".

Interrogé sur les principaux objectifs de la politique africaine d'Emmanuel Macron, Philippe Hugon estime qu'ils sont d'ordre sécuritaire "à court et long termes" et relationnels avec les dirigeants des différents pays.

"Le premier objectif du président français est d'essayer d'enrayer l'expansion des actions djihadistes en Afrique et son second objectif est d'essayer d'avoir des relations décomplexées avec l'Afrique, de sortir de relations postcoloniales car la France et l'Afrique sont liées en raison de leur passé commun ainsi que par la proximité géographique avec leur nombre d'expatriés respectifs.

La France a également perdu beaucoup de parts de marché en Afrique a indiqué Philippe Hugon.

Autre enjeu "central" selon l'expert, la question migratoire sur laquelle le président français "n'est pas laxiste". Pour Philippe Hugon, la position africaine est très ambiguë sur ce sujet : "d'un côté les Africains voudraient avoir du co-développement et une rétention de leur population par des opportunités professionnelles et économiques locales, et de l'autre côté les revenus des Africains expatriés en France sont très importants dans l'activité économique des pays" souligne-t-il.

Sur la lutte contre le réchauffement climatique, le spécialiste français estime que France et Afrique sont d'accord sur les principes car "l'Afrique est la première victime du réchauffement climatique et beaucoup de migrants sont aujourd'hui des migrants climatiques". En revanche, des points sont encore à éclaircir sur la coopération des financements de l'accord de la COP21 explique-t-il.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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