Dernière mise à jour à 09h41 le 22/03
Alors que l'ex-chef d'Etat français Nicolas Sarkozy est auditionné depuis mardi dans l'enquête tentaculaire sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dénoncé mercredi une mise en scène "spectaculaire" de cette garde à vue.
"Dans les affaires politiques, notre justice ne semble pas sereine", a déclaré sur franceinfo celui qui s'est retiré en 2017 de la vie politique française. "Pourquoi tout ce spectacle?", a ajouté M. Raffarin, précisant qu'il avait "décidé de ne pas avoir de doutes sur l'innocence" de Nicolas Sarkozy.
"La justice ne gagne rien à être spectaculaire", a-t-il poursuivi. "On peut interroger les gens à des heures raisonnables, normales", selon lui. Avant d'insister : "La justice apparaît nerveuse et ça, c'est pas bon pour la République". "Pourquoi vouloir humilier les gens pour pouvoir les juger?", s'est-il interrogé.
Le député européen Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur pendant le quinquennat Sarkozy, entendu mardi dans cette affaire qui secoue la République française, a réagi mercredi sur Twitter. "Témoignant lors d'une audition libre, les précisions apportées doivent permettre de clore une succession d'erreurs et de mensonges", a-t-il écrit.
Le chef de file des députés Les Républicains (LR, droite) Christian Jacob a quant à lui dénoncé mardi ce qu'il appelle un "acharnement" judiciaire tout en assurant Nicolas Sarkozy de toute l'"amitié", du "soutien" et de l'"affection" du groupe LR.
La présidente LR d'Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui fut ministre de Nicolas Sarkozy, a dit de son côté sur la chaîne LCI se "méfier beaucoup du tribunal public et médiatique". Enfin, le président du parti, Laurent Wauquiez, a jugé "humiliant(e) et inutile" la garde à vue de M. Sarkozy, tandis que l'eurodéputée Nadine Morano, ancienne ministre de M. Sarkozy, est elle aussi montée au créneau.
La chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, interrogée mercredi sur Radio Classique, s'est dite "choquée en tant qu'avocate". "Quelle que soit l'affaire qui touche Nicolas Sarkozy, (...) c'est toujours le même juge d'instruction qui est désigné", a-t-elle commenté. "Je considère que ça crée un problème et que ça crée un soupçon sur la neutralité de ce magistrat", a-t-elle poursuivi dans une référence au juge d'instruction Serge Tournaire.
L'ex-chef de l'Etat est entendu depuis mardi matin sous le régime de la garde à vue par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre, à l'ouest de Paris, à propos de soupçons d'un financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.
Cette mesure coercitive est possible dès lors qu'il existe "une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner" qu'une personne a commis une infraction punie d'une peine d'emprisonnement, selon les textes. A l'issue de cette garde à vue susceptible de durer 48 heures, Nicolas Sarkozy peut être remis en liberté, présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen ou convoqué ultérieurement.