Dernière mise à jour à 10h59 le 19/04
Dans la foulée de son président, le Parlement européen (PE), réuni mercredi en session plénière à Strasbourg, a exhorté le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, à venir s'expliquer devant le PE suite au scandale Cambridge Analytica concernant l'utilisation abusive des données personnelles de citoyens européens.
Lors d'un débat en plénière, les eurodéputés sont montés au créneau dans l'hémicycle strasbourgeois pour inviter instamment le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, à répondre du scandale Cambridge Analytica.
Le premier réseau social mondial, fort de 2 milliards d'abonnés, est notamment accusé d'avoir permis à la société Cambridge Analytica d'exploiter les données personnelles de plus de 50 millions d'utilisateurs sans leur autorisation afin de les cibler pendant l'élection présidentielle américaine et le référendum sur le Brexit en 2016.
Le Parlement européen s'est alarmé de l'impact des médias sociaux, des fausses informations et de la manipulation du processus démocratique alors que se profilent les prochaines élections européennes en mai 2019.
Le PE s'est félicité de la prochaine entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui s'appliquera dès le 25 mai. Le RGPD contribuera à rendre aux citoyens européens le contrôle de leurs données personnelles et fixera des normes mondiales, ont souligné les eurodéputés.
Cependant, des parlementaires doutent que les dispositions du RGPD empêchent de nouveaux scandales et invitent le Conseil européen à mettre en œuvre le règlement sur la vie privée et les communications électroniques.
Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a réclamé que Mark Zuckerberg vienne en personne s'expliquer devant les députés européens sur l'utilisation des données personnelles de ses millions d'utilisateurs.
"Tous les groupes politiques insistent sur l'absolue nécessité de votre présence personnelle, comme cela a été le cas devant le Congrès des Etats-Unis", écrit-il dans un courrier adressé au jeune milliardaire américain.
Dès le 20 mars et l'éclatement du scandale Cambridge Analytica, du nom de la société qui a exploité à leur insu les données de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook, le président du PE avait invité le PDG de Facebook à venir s'exprimer aussitôt qu'il lui serait possible devant les représentants des 500 millions de ressortissants de l'UE.
Mark Zuckerberg, qui a témoigné pendant dix heures devant les élus américains la semaine dernière, a proposé que ce soit le vice-président chargé des affaires publiques du groupe californien, Joel Kaplan, qui se présente devant les eurodéputés.
Le vice-président de la Commission européenne, Andrus Ansip, a rencontré mardi en Californie Mark Zuckerberg et lui a signifié que "l'invitation du Parlement européen était une manière de restaurer la confiance" avec les autorités européennes, a rapporté mercredi la commissaire européenne à la Justice et à la Protection des consommateurs, Vera Jourova, devant les eurodéputés réunis à Strasbourg.
Le PDG de Facebook est dans la tourmente. Le modèle économique de son réseau social suscite des critiques virulentes tandis que la défiance avec les usagers s'installe au fil de nouvelles révélations. "Notre vie privée n'est pas à vendre", s'est notamment indignée, mercredi, à Strasbourg, l'eurodéputée écologiste, ancienne candidate à la présidentielle en France, Eva Joly, se faisant ainsi la porte-voix d'un sentiment croissant dans la population européenne et américaine.
Un mouvement #deletefacebook (supprimez Facebook) a d'ailleurs été lancé dans la foulée des premières révélations sur le scandale Cambridge Analytica.
Au total, ce sont quelque 87 millions d'utilisateurs de Facebook (dont 2,7 millions dans l'UE) qui pourraient avoir été victimes de ce scandale Cambridge Analytica.