Dernière mise à jour à 08h41 le 28/05
Après que le résultat retentissant du référendum du 26 mai ait renversé une interdiction de l'avortement vieille de 35 ans, le ministre irlandais de la Santé a immédiatement annoncé qu'il ferait avancer les nouvelles lois sur ce sujet.
Simon Harris a précisé qu'il entamerait le processus dès le 29 mai, lorsque le gouvernement irlandais se réunira pour discuter d'un projet de loi autorisant les interruptions volontaires de grossesse dans les 12 premières semaines et jusqu'à 24 semaines dans des circonstances exceptionnelles. Les électeurs irlandais ont voté par 1 429 981 voix contre 723 632 en faveur de l'abolition du huitième amendement controversé à la Constitution qui donnait un statut légal à la vie du fœtus égal à celle de la femme qui le portait. Ce résultat représente une très nette majorité des deux tiers : 66,4% de oui contre 33,6% de non.
Un avant-projet de loi avait déjà été présenté avant le vote et sera désormais officialisé au cours des prochaines semaines, devant être déposé au Dáil, le Parlement irlandais, à l'automne. Le changement ne devrait pas se heurter à des obstacles importants au Parlement, les députés qui s'opposent à l'abrogation ayant reconnu la nature écrasante du résultat. Le 26 mai, lors de l'annonce du résultat historique au château de Dublin, M. Harris a déclaré aux partisans de l'abrogation : « Sous le huitième amendement, nous disions aux femmes en crise : prenez le bateau ou prenez l'avion. Aujourd'hui nous leurs disons : prenez notre main ».
Le triomphe de samedi en faveur des réformateurs de l'avortement a eu lieu quelques mois seulement avant la visite du Pape François dans le pays -le premier Souverain pontife à y venir depuis la visite de Jean-Paul II en Irlande en 1979. Orla O'Connor, co-directrice de la campagne « Together for Yes », a déclaré que c'était « une journée monumentale pour les femmes en Irlande », qualifiant le résultat de « rejet d'une Irlande qui traite les femmes comme des citoyennes de seconde zone ». Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a quant à lui souligné que le résultat prouvait que ce n'était « pas Dublin contre le reste ... pas une division rurale-urbaine ».
Même dans les provinces traditionnellement conservatrices comme Roscommon/East Galway, les premiers résultats du comptage ont en effet enregistré 57% de oui et 43% de non. D'autres circonscriptions rurales comme Carlow/Kilkenny ont également voté à 63,5% en faveur du changement. Cette fois-ci, la seule circonscription à avoir majoritairement dit non est Donegal, où 51,87% des électeurs se sont opposés opposaient à l'abrogation, tandis que 48,13% l'appuyaient. Le taux de participation au référendum sur l'avortement du 25 mai, à 64,51%, a dépassé les 60,5% du plébiscite de 2015 sur le mariage des personnes de même sexe. La victoire du côté du oui signifie que désormais la seule partie du Royaume-Uni et de l'Irlande où l'avortement reste interdit dans presque toutes les circonstances est l'Irlande du Nord, où des voix s'élèvent déjà, demandant au gouvernement de Londres d'abroger une interdiction de l'interruption volontaire de grossesse remontant à l'époque de la Reine Victoria, au 19e siècle.