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France : Le financement de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron fait l'objet d'une enquête

Xinhua | 27.06.2018 08h33

La polémique a enflé récemment dans l'Hexagone autour de largesses, faveurs et aides présumées dont aurait bénéficié le président français Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale. Le financement de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron fait désormais l'objet d'une enquête. La justice et la police judiciaire sont saisies du dossier.

Deux élus de l'opposition, le maire de Caluire, dans la banlieue de Lyon, Philippe Cochet, président du groupe Les Républicains à la métropole de Lyon, et son homologue à la ville, Stéphane Guilland, ont déposé en fin de semaine dernière une plainte contre X qui a obligé la justice à ouvrir une enquête préliminaire.

Ces deux politiciens de droite affirment que "des moyens publics" (humains, matériels et financiers) "sous le contrôle de la ville et de la métropole de Lyon" auraient été "indûment détournés et mis à disposition du futur président de la République".

Selon la justice, l'enquête préliminaire porte sur un détournement présumé de fonds publics et doit déterminer si la métropole et la ville de Lyon, alors dirigée par le ministre actuel de l'Intérieur Gérard Collomb, ont effectivement financé la campagne d'Emmanuel Macron de la sorte.

Confiée à la police judiciaire, cette enquête vise aussi des faits présumés de financement irrégulier de campagne électorale, abus de biens sociaux et recel.

Au centre des griefs des plaignants se trouve une réception jugée fastueuse, réalisée le 2 juin 2016 à l'Hôtel de Ville de Lyon, où Gérard Collomb avait alors reçu Emmanuel Macron. Ce dernier, qui était alors encore ministre de l'Économie, avait lancé deux mois plus tôt son mouvement En Marche!

Près d'un millier de sympathisants du futur président étaient présents alors que les élus d'opposition en avaient été exclus.

Dans leur plainte, MM. Cochet et Guilland estiment que M. Macron a bénéficié "d'une mise à disposition gratuite de locaux publics à des fins électorales et partisanes, alors que la campagne présidentielle était juridiquement ouverte ; et que les collectivités lyonnaises, en payant les frais, ont financé un candidat alors que le code électoral l'interdit aux personnes morales".

L'enquête portera également sur la situation administrative de Jean-Marie Girier, ancien chef de cabinet de M. Collomb à Lyon, qui a joué un rôle actif dans la campagne de M. Macron. M. Girier a bénéficié d'un temps partiel à la métropole à partir d'octobre 2016, puis a mis fin à ses fonctions en décembre pour devenir directeur de campagne en janvier 2017.

Les plaignants affirment que son implication au sein d'En Marche ! a commencé bien avant: un cumul de fonctions "juridiquement interdit" selon eux, qui masquerait un emploi parfois "fictif". L'enquête devrait aussi se pencher sur les prises de congés de Jean-Marie Girier.

Les élus LR demandent enfin aux enquêteurs de vérifier l'utilisation des locaux parisiens de la métropole lyonnaise durant la campagne de M. Macron, et entre les deux tours.

La municipalité actuelle tout comme des collaborateurs du ministre se contentent de répondre qu'"il n'y a rien de nouveau dans ces informations dont le seul objet est de jeter le discrédit. La plainte des élus Les Républicains de Lyon reprend une polémique que l'opposition locale tente d'alimenter depuis plusieurs mois".

"J'ai répondu à 80% de leurs demandes et quand je ne l'ai pas fait, c'est parce que la loi me l'interdit", a précisé lundi le successeur du ministre à la tête de la métropole, David Kimelfeld.

De nombreux médias français font remarquer que cette plainte permettra surtout de polémiquer au cours de la campagne en vue des prochaines élections municipales en 2020.

Cette plainte vient s'ajouter aux demandes d'explications réitérées par des élus de la droite (LR) et de la gauche (Parti Socialiste) au niveau national sur des rabais qu'ils jugent excessifs consentis par une société d'événementiel - GL Events- proche de l'ancien maire de Lyon.

Les prestations en cause portent sur la location de la Maison de la Mutualité, à Paris, lieu traditionnel et emblématique de la vie politique de la capitale, dont GL Events a la concession.

Emmanuel Macron y avait organisé son meeting du mardi 12 juillet 2016, alors qu'il venait de lancer son mouvement et n'avait pas encore réuni les "grands donateurs" du monde économique et financier qui ont assuré le financement de sa campagne.

Le candidat d'En Marche! avait alors bénéficié d'importants rabais, jusqu'à 100% pour la location de la salle. Un geste commercial étonnant dans la mesure où les deux autres candidats à avoir organisé des meetings à la Maison de la Mutualité n'ont pas obtenu de rabais. Le candidat socialiste s'est notamment plaint d'avoir "payé plein pot".

François Fillon, candidat Les Républicains, n'a pas, lui non plus, eu droit au moindre geste commercial quand il a loué la Mutualité en janvier 2017, puis des salles gérées par GL Events à Nice (Nice Acropolis) ou à Lyon (Eurexpo).

Sur la chaîne de télévison française LCI, la porte-parole des Républicains Lydia Guirous a dénoncé "une concurrence déloyale". "Il faut une enquête plus importante et que toute la lumière soit faite sur cette affaire", a-t-elle dit.

Les dons et avantages en nature des entreprises privées sont en effet strictement interdits en France depuis la loi de 1995 relative au financement de la vie politique.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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