Dernière mise à jour à 08h47 le 31/07
Les Nations unies ont déclaré lundi avoir reçu au cours du second trimestre 2018 un total de 70 allégations d'exploitation ou d'abus sexuels impliquant le personnel de l'ONU ou du personnel extérieur travaillant avec ou pour les agences et programmes de l'ONU.
"Au cours de cette période, l'ONU a reçu 43 allégations impliquant son personnel - 18 concernant les forces de maintien de la paix, et 25 concernant ses agences, fonds ou programmes", a déclaré le porte-parole adjoint Farhan Haq lors d'une conférence de presse régulière au siège de l'ONU.
"Nous avons également reçu 24 allégations concernant du personnel non membre de l'ONU mais travaillant pour le compte de nos partenaires opérationnels", a-t-il affirmé, ajoutant que trois de ces 70 allégations concernaient en fait des forces internationales n'appartenant pas à l'ONU, mais ayant été autorisées par un mandat du Conseil de sécurité.
M. Haq a indiqué que l'organisation mondiale avait décidé de publier ces informations dans le cadre des efforts du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres pour renforcer la transparence en matière de signalement des cas d'exploitation et d'abus sexuels au sein des Nations unies.
Le porte-parole adjoint a indiqué que toutes les allégations reçues du 1er avril au 30 juin n'avaient pas été vérifiées, et que beaucoup faisaient encore l'objet d'une évaluation préliminaire.
Développant le détail de ces statistiques, M. Haq a déclaré que 27 de ces incidents auraient eu lieu en 2018, neuf en 2017, cinq en 2016, dix en 2015, et deux en 2014 et que la date exacte n'est pas connue pour les 17 autres.
Sur ces 70 allégations, 18 ont été classées comme des cas d'abus sexuels, 46 comme des cas d'exploitation sexuelle, trois dans la catégorie "autre", et trois sont de nature inconnue, selon M. Haq.
Il y aurait en tout 84 victimes, dont 46 femmes, 17 filles âgées de moins de 18 ans, douze filles ou femmes d'âge inconnu, un garçon de moins de 18 ans, et cinq hommes ou garçons d'âge inconnu. "Le sexe de trois des victimes n'est pas connu. Les auteurs présumés de ces abus comprendraient 80 hommes, quatre femmes, et quatre individus de sexe inconnu", a-t-il ajouté.
Le porte-parole adjoint a indiqué que seules trois de ces 70 allégations avaient été confirmées par une enquête, tandis que deux autres avaient été infirmées.
Pour le reste, 34 allégations se trouvent à divers stades d'enquête ; 24 sont en cours d'évaluation préliminaire ; trois sont à l'examen, mais manquent de détails, les organisations qui les ont rapportées n'ayant fourni que peu d'informations ; et quatre affaires ont été classées pour divers motifs.
M. Haq a indiqué que 16 de ces allégations avaient été référées à l'Etat membre concerné pour qu'il prenne des mesures.
L'ONU a fréquemment été sommée de mettre fin à l'impunité des coupables de ce type d'abus et d'exploitation lorsque les Etats membres refusaient de prendre des mesures à leur encontre. En effet, les Casques bleus qui se rendent coupables de tels méfaits tombent sous la juridiction de leur Etat d'origine.
Dans ce genre de cas, les Nations unies ont notamment demandé le rapatriement non seulement des coupables concernés, mais de leur unité militaire entière.
"Dans le même temps, nous continuons nos efforts pour appliquer la stratégie du secrétaire général en matière de lutte contre l'exploitation et les abus sexuels", a ajouté M. Haq.
"Dans le but de mettre fin à l'impunité, nous avons lancé au mois de juin un outil électronique destiné à écarter du personnel de l'ONU les anciens employés renvoyés suite à des accusations confirmées d'exploitation ou d'abus sexuels, ou encore ayant démissionné ou été placés à l'isolement dans le cadre d'une enquête", a affirmé M. Haq.