Dernière mise à jour à 14h45 le 15/04
Photo: OceanGate, Inc. |
Plus d'un siècle après avoir été englouti sous les flots glacés de l'Atlantique Nord à 2h20 du matin le 15 avril 1912, le Titanic reste un objet constant de fascination, d'intrigue et de légende en constante évolution. Malheureusement, pour ceux qui restent déterminés à résoudre le mystère qui se cache derrière son voyage inaugural fatal, la fenêtre d'opportunité d'étudier ce qui reste du navire va bientôt prendre fin. Car selon une étude de 2016, ce qui reste du Titanic ne sera probablement guère plus qu'une vaste tache de rouille informe sur le fond de l'océan d'ici 2030. Cette détérioration rapide est due à la présence d'une espèce unique de bactéries, l'Halomonas titanicae, justement nommée d'après le paquebot, et qui se nourrit avec voracité de l'acier du navire.
« Nous avons tendance à avoir l'idée que ces épaves sont des capsules de temps gelées dans le temps, alors qu'en fait, toutes sortes d'écosystèmes complexes se nourrissent d'elles, même au fond de ce grand océan sombre », a déclaré à Live Science en 2010, Dan Conlin, conservateur de l'histoire maritime au Musée maritime de l'Atlantique à Halifax. Alors que le compte à rebours qui va faire passer l'apparence du Titanic en tant que navire à une masse de rouille effondrée est enclenché de manière irréversible, les chercheurs préparent une série d'expéditions scientifiques sur le site à partir de 2018. Les missions seront organisées par OceanGate, Inc., une entreprise de sous-marins privée, en collaboration avec des experts de l'Advanced Imaging and Visualization Laboratory (AIVL) à la Woods Hole Oceanographic Institution.
En l'espace d'un peu plus de sept semaines, de mai à juillet 2018, l'expédition effectuera une analyse 3D détaillée du site de l'épave (en utilisant une technologie similaire et avancée pour capturer ces scènes dantesques en 3D d'épaves pluriséculaires dans la mer Noire), enregistrera de nouvelles vidéos et des photos en haute définition, et collectera des données sur la flore et la faune qui habitent le navire. « L'historique de la documentation est importante en soi », a déclaré à TechCrunch Stockton Rush, PDG et cofondateur d'OceanGate, « mais, du point de vue geek, c'est également un véritable défi de comprendre les taux de désintégration des métaux dans les environnements en haute mer. Avec le carburant, les munitions et autres choses de la Seconde Guerre mondiale, nous devons comprendre l'interaction entre les courants, la teneur en oxygène, les bactéries, la nature d'un matériau donné et ainsi de suite pour savoir si une coque risque de s'effondrer ».
Mais parce que ces expéditions impliquent aussi un capital important, OceanGate va également en ouvrir l'opportunité dans les prochaines années aux passionnés du Titanic au portefeuille bien épais. Très épais même, car il faudra pour cela débourser la coquette somme de 105 129 Dollar US, équivalente à ce qu'avait coûté à l'époque un billet de première classe (4 350 Dollars US d'alors) sur le premier voyage de Titanic après ajustement pour l'inflation. Les heureux voyageurs pourront alors rejoindre les équipes submersibles en tant que « spécialistes de mission ». Mais contrairement aux opportunités touristiques proposées dans le passé pour le Titanic, ces invités seront pleinement impliqués avec l'assistance d'experts pour la réalisation de missions sous-marines, comme la planification de plongée, l'utilisation du sonar, la communication d'un navire à l'autre, la vidéographie et bien plus encore.
Selon Stockton Rush, les 54 places de « spécialistes de mission » proposés pour 2018 ont déjà été vendues, ce qui représente plus de 5 millions de Dollars US de financement pour les activités scientifiques de l'expédition. Et si vous vous en voulez d'avoir laissé passer l'occasion, ne vous inquiétez pas : l'équipe de recherche affirme que son enquête sur le site de l'épave impliquera de multiples missions réalisées au cours des prochaines années. Plus d'une centaine d'opportunités supplémentaires pour acheter un billet pour visiter le site de l'épave devraient ainsi être disponibles dans un proche avenir. « Depuis son naufrage il y a 105 ans, moins de 200 personnes ont visité l'épave, c'est à dire moins qui ont volé dans l'espace ou ont escaladé le mont Everest, donc c'est une opportunité incroyable », a déclaré Stockton Rush à Forbes.
Il est également intéressant de noter que le site de l'épave lui-même ne sera pas perturbé, et qu'aucun objet ne sera recueilli. OceanGate affirme que ses équipes suivront les lignes directrices établies par l'UNESCO et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) pour la préservation des sites du patrimoine mondial sous-marin. En ce qui concerne la technologie utilisée pour emmener ses équipes à près de 4 000 mètres de profondeur au-dessus du Titanic, la société a développé un nouveau submersible appelé Cyclope 2. Fabriqué en fibre de carbone et en titane, il comporte cinq places et offre une superbe façade de vue 21 pouces, la plus grande fenêtre de ce genre qui aura jamais permis d'observer le site de l'épave. OceanGate prévoit à présent des tests en mer du Cyclope 2 en novembre prochain, en attendant le grand plongeon.