Les deux avocats représentant une chanteuse détenue par la police de Beijing après avoir affirmé sur son microblog Sina Weibo qu'elle allait bombarder deux départements des autorités locales, ont publié un communiqué samedi pour souligner que ses paroles ne constituaient pas un crime.
Wu Hongfei, ancienne journaliste devenue chanteuse à Pékin, a écrit sur son compte officiel Sina Weibo le 21 juillet qu'elle voulait faire exploser le comité de quartier du centre d'échange de talents de Beijing et la Commission municipale du logement et du développement urbain et rural. Elle a été interpelée par la police le jour même.
La police a confirmé vendredi que Mme Wu est détenue pour avoir lancé une fausse menace terroriste, un crime passible de cinq ans de prison, selon la Télévision centrale de Chine (CCTV).
Li Jinxing, l'un des avocats de Mme Wu, a déclaré dimanche que sa cliente a effacé le message après quelques heures et, bien que ce message ait exprimé de la colère, ses mots n'ont fait de mal à personne.
« Il est très important de clarifier la différence entre la liberté d'expression sur Internet et un crime », a souligné M. Li.
Wu Hongfei a publié ce message pour exprimer sa colère face à Ji Zhongxing, l'homme en fauteuil roulant qui a fait exploser une bombe à l'aéroport de Beijing, selon M. Li.
Les appels à la police de Beijing étaient toujours sans réponse dimanche.
La détention de Wu a déclenché des discussions sur Internet pour déterminer si le message sur Weibo pouvait ou devait être considéré comme une menace terroriste.
Un sondage effectué sur Sina Weibo auprès de plus de 27 000 participants montre que près de 82 % des personnes interrogées estiment que la chanteuse ne devrait pas recevoir une condamnation pénale, même si ses paroles étaient inappropriées.
Les 18 % restants jugent que Mme Wu devrait être tenue pour responsable de son poste menacé la sécurité publique.
Yuan Yulai, un expert en droit pénal, a déclaré que Mme Wu, en tant que personne publique, devrait présenter des excuses publiques.
« Je ne discuterai pas de savoir si les gens ont cru ses paroles ou si celles-ci ont causé une panique. Mais si cette affaire n'est plus considérée comme un crime, elle reste un mauvais exemple qui porte grandement dommage à la liberté d'expression en ligne, car les gens n'osent pas parler de leurs émotions », a déclaré M. Li.
M. Li a ajouté qu'il rencontrerait la chanteuse à la station de police lundi avec son autre avocat, Chen Jiangang.