En chinois, le terme « tongqi » fait référence aux femmes hétérosexuelles engagées dans les liens du mariage avec un homme homosexuel. Les journalistes de l'agence de presse Xinhua ont pu, grâce à l'Institut de Technologie de Harbin, prendre connaissance du premier rapport jamais fait en Chine sur cette communauté des « tongqi », qui a été rédigé par son équipe de recherche en anthropologie sociale de l'École des sciences humaines sur les trois dernières années.
Une enquête a montré qu'à l'intérieur de la Chine, le nombre des « tongqi » se monte à environ 16 millions ; prises dans les chaînes de l'éthique familiale traditionnelle, elles souffrent de pressions considérables, qu'il s'agisse de violences domestiques ou d'une vie sexuelle réduite voire absente dans le cadre de leur mariage.
Pour cette enquête qui a déterminé qu'il y a environ 16 millions de « tongqi » en Chine, l'équipe a recouru pendant trois ans à des entretiens avec 173 de ces femmes actives en ligne : ces interviews leur ont ainsi permis de déterminer que 90% d'entre elles souffrent de violences domestiques, que 30% n'ont aucune vie sexuelle dans le cadre de leur mariage, et que seulement 30% ont choisi de divorcer.
Tang Kuiyu, professeur de sociologie à l'Institut de Technologie de Harbin et responsable en chef de l'étude, a déclaré aux journalistes présents qu'en Chine, l'homosexualité n'est pas encore reconnue par les valeurs universelles de la société, ce qui fait des « tongqi » un groupe social encore plus marginalisé, que dans les mariages où il y a un homosexuel, la composition familiale est faible, et que le maintien et la dissolution de ce genre de mariage font face à des difficultés et de la détresse différentes de celles qu'éprouvent les gens ordinaires.
« Pendant ces trois années, les chercheurs ont constaté lors des entretiens avec les répondantes, menés par le biais de discussions en ligne, qu'à l'heure actuelle seulement 31,2% de ces ‘tongqi' ont opté pour le divorce ». Selon les chercheurs, si ces femmes choisissent de poursuivre leur mariage, c'est pour des préoccupations liées aux aspects économiques ou aux enfants. D'après Tang Kuiyu, la tragédie des « tongqi » n'est pas de vivre avec un homosexuel, mais l'influence que la morale traditionnelle et l'hégémonie hétérosexuelle font peser sur les choix de vie des homosexuels, et que la résolution du problème des « tongqi » dépend toujours de la compréhension socio-culturelle et de l'acceptation des homosexuels en Chine.