Dernière mise à jour à 15h49 le 06/02
Un couple de jeunes mariés offre un toast aux invités de leur fête de mariage dans la préfecture autonome Miao et Dong de Qiandongnan, dans la Province du Guizhou le mois dernier. [Photo Peng Huan / Pour le China Daily] |
Le jour du mariage est souvent considéré comme la journée la plus heureuse de la vie d'une personne. Mais, dans les campagnes chinoises, les choses sont souvent différentes pour les parents d'un marié : là-bas, l'importance de garder la face et la pression sociale les laissent souvent endettés pendant des années.
Ainsi de Wang Yueguo, originaire de la Province du Shandong, dans l'Est de la Chine. Il a réussi à amasser suffisamment d'argent pour payer le mariage de son fils le mois dernier. Mais ce mariage a complètement épuisé les économies de la famille et les a même laissés avec une dette qui lui demandera une décennie pour être remboursée.
« Le mariage de mon fils m'a coûté plus de 200 000 Yuans (29 000 Dollars US), dont environ 100 000 Yuans que j'ai empruntés à des parents et à des amis », a déclaré M. Wang, dont la famille gagne environ 30 000 Yuans par an.
Wang Yueguo figure parmi les nombreux parents dans certaines régions rurales de Chine qui se sentent pour ainsi dire obligés de faire des folies pour le mariage de leur fils afin d'obtenir une belle-fille et d'éviter de perdre la face.
En Chine, il est de coutume que la famille du marié achète un logement, assure les frais la cérémonie de mariage et fournisse une dot, qui est généralement payée en espèces. À la campagne, où les gens gagnent moins, mais où ils ont tendance à maintenir davantage les traditions, les familles dépensent souvent la plus grande partie de leurs économies durement gagnées dans les mariages.
Et c'est ainsi que, en plus de payer le banquet de mariage, des bijoux et des appareils ménagers, on attend aussi de Wang Yueguo qu'il fournisse une dot de plus de 40 000 Yuans, ainsi qu'une voiture.
Selon un sondage réalisé l'an dernier à Linyi, dans le Shandong, les mariages dans les zones rurales de la ville coûtent au moins 200 000 Yuans, soit l'équivalent de quatre à cinq ans de revenu net pour une famille locale de quatre personnes.
L'enquête a également montré que certaines familles qui luttent pour faire face aux dettes qu'occasionne un mariage ont même été entraînées dans la pauvreté.
De même, les banquets de mariage ne sont pas gratuits pour les invités, car les participants sont censés donner ce qu'on appelle des « fenzi », des enveloppes rouges contenant des espèces, aux jeunes mariés. Il n'est pas inhabituel que les invités les plus pauvres empruntent de l'argent afin qu'ils puissent donner des « fenzi » et ainsi ne perdent pas la face.
« Je gagne environ 15 000 Yuans par an, mais je donne facilement 10 000 Yuans par an dans les « fenzi » lors de mariages et funérailles, mais surtout lors des mariages », a déclaré Tao Yuanfeng, 76 ans, qui vit dans un village administré par Yucheng, dans le Shandong.
Les familles rurales disposant maintenant de davantage de revenus disponibles, les extravagances et les dépenses excessives sont devenues un problème grave. La racine du problème, cependant, se trouve dans le concept appelé « garder la face », car personne ne veut être étiqueté comme radin.
Selon Zhou Xiaozheng, sociologue, le déséquilibre entre les sexes signifie que la famille de la mariée peut être plus exigeante, et c'est pourquoi les frais de mariage dans certaines zones rurales ont explosé. À la fin de 2015, il y avait 33,6 millions d'hommes de plus que de femmes en Chine, ce qui a accru la concurrence pour une épouse.
L'enquête de 2016 menée à Linyin a suggéré que, bien que la majorité des répondants ne soient pas d'accord avec la pratique, ils acceptent néanmoins encore de s'endetter pour couvrir un mariage, juste pour sauver la face. Et cela alors même que 80% des répondants ont dit que cette coutume devrait changer.
La bonne nouvelle est que le changement est déjà en cours.
Ainsi, la Province Shandong a soutenu la création d'institutions de surveillance pour aider à résoudre le problème des mariages et des funérailles occasionnant des dépenses excessives. Dirigés par des villageois respectés, ces institutions ont conçu et mis en œuvre des règles destinées à aider leurs voisins.
Et c'est ainsi que, depuis que son village a publié un règlement sur les budgets alloués aux banquets, Zhao Yuhua a dû limiter le coût du banquet de mariage de son fils à seulement quelques centaines de Yuans. Auparavant, selon les usages locaux, ce genre de banquet aurait duré de trois à quatre jours.
Des institutions similaires ont également été établies dans les provinces du Hebei, du Henan et du Shaanxi.