Dernière mise à jour à 16h45 le 17/08
La mise en détention d'un patient atteint d'un cancer du foie qui a gagné de l'argent en vendant un médicament anticancéreux avant son approbation sur la partie continentale de la Chine a déclenché un débat public animé.
Selon la radio nationale chinoise Zhai Yiping, chef de projet dans une entreprise de construction de Shanghai, a été arrêté le 25 juillet par la police parce qu'il avait importé de l'Opdivo et l'avait vendu à d'autres patients avec une majoration de 5%.
Opdivo, qui travaille avec le système immunitaire pour freiner la croissance et la propagation des cellules cancéreuses, a été mis au point par Bristol-Myers Squibb, une société pharmaceutique américaine.
La principale autorité pharmaceutique chinoise, l'Administration nationale du médicament, a annoncé le 15 juin que le médicament avait reçu l'autorisation de vente sur le continent. Mais le problème est que M. Zhai a commencé à le vendre en 2016.
Selon la loi chinoise, les médicaments non approuvés sont classés dans la catégorie des faux médicaments et leur production ou leur vente peut entraîner une peine de prison pouvant aller jusqu'à trois ans en l'absence de conséquences graves, et ceux qui causent des dommages sérieux à des personnes ou à la société, ou qui font des profits énormes, peuvent se voir infliger des peines beaucoup plus sévères, y compris la peine de mort.
L'avocat de M. Zhai, maître Si Weijiang du cabinet d'avocats Debund de Shanghai, a déclaré que son client avait commencé à acheter de l'Opdivo en Allemagne pour d'autres patients qu'il connaissait à la fin de 2016. Avant cela, il a essayé le médicament lui-même pendant plusieurs années pour combattre son propre cancer et l'a trouvé efficace, mais à cette époque, ce traitement n'avait pas reçu d'autorisation d'utilisation en Chine et n'était pas légalement disponible.
Le médicament coûte environ 60 000 yuans (8 680 dollars) par mois pour les patients atteints d'un cancer du foie, de sorte que la plupart des patients ont seulement essayé le médicament pendant quelques mois. D'après maître Si, quand ils ont senti que leur état s'était amélioré, ils se sont tournés vers d'autres médicaments moins chers.
Il a par ailleurs ajouté que M. Zhai avait vendu les médicaments à d'autres patients à un prix majoré de 5%, et que le total des ventes s'élevait à près d'un million de yuans, car le médicament est cher. Si, selon l'avocat, le nombre de patients ayant acheté le médicament auprès de M. Zhai n'est pas clairement déterminé, il a toutefois précisé qu'il y avait environ 1 000 patients cancéreux sur un compte de médias sociaux où ils communiquaient sur le traitement, et que M. Zhai en était un membre actif.
« Je pense que le médicament ne doit pas être considéré comme un faux car il est déjà utilisé dans de nombreux autres pays et s'est avéré efficace », a-t-il souligné. « Le bénéfice de 5% est raisonnable, compte tenu du temps et de l'argent nécessaire que M. Zhai a dépensé pour acheter ce médicament ».
A la date du 16 août, M. Zhai était toujours en détention, alors que la police de Shanghai poursuivait son enquête sur l'affaire, a ajouté maître Si, précisant que son client risquait 10 ans de prison s'il était reconnu coupable, compte tenu de la valeur des médicaments vendus.
L'affaire a suscité de vives discussions en ligne, beaucoup de gens comparant cela à un cas de référence antérieur.
De nombreuses personnes ont manifesté leur soutien à M. Zhai, mais d'autres disent qu'il devrait être puni pour avoir enfreint la loi.
« Un bénéfice de 5% est faible et raisonnable », a ainsi déclaré un internaute favorable sur Sina Weibo. « De plus, de nombreux patients avaient grandement besoin de ce médicament », tandis qu'un détracteur a dit que « La loi est la loi et elle doit être respectée par tous jusqu'à ce qu'elle soit modifiée ».
Dans un cas similaire en 2014, Lu Yong, un homme d'affaires et atteint de leucémie originaire de Wuxi, dans la province du Jiangsu, a été arrêté pour avoir vendu une version générique d'un médicament contre la leucémie appelé Gleevec provenant d'Inde et l'avait vendu à des patients à un coût inférieur à un dixième de l'original breveté, approuvé par les autorités et légalement disponible sur le marché chinois.
M. Lu a finalement été libéré en janvier 2015 après que les procureurs eurent retiré les accusations suite à la requête de plus de 300 personnes atteintes de leucémie qui avaient acheté le médicament auprès de lui parce qu'elles ne pouvaient pas acquérir du véritable Gleevec.