Dernière mise à jour à 15h31 le 23/11
Selon un chercheur émérite, la raison pour laquelle moins de familles à l'étranger adoptent des orphelins chinois est due à l'amélioration des conditions de vie dans le pays, ce qui signifie que moins de parents abandonnent leurs enfants.
Un rapport annuel du ministère des Affaires civiles a en effet montré que quelque 19 000 enfants ont été adoptés en Chine l'année dernière, dont 2 228 sur un total de moins de 12% ont été confiés à des familles vivant dans d'autres pays. Il en ressort que le nombre d'adoptions internationales a diminué de 42% depuis 2011, année où le ministère en avait enregistré 3 845.
Dans un règlement publié le 21 novembre, le ministère a également interdit aux autorités locales d'exiger des frais déraisonnables ou des services obligatoires, ou de demander des dons lors de visites en Chine de familles étrangères avec des enfants chinois adoptés.
Les nouvelles règles, qui entreront en vigueur le 1er janvier, exigent aussi que les départements des affaires civiles incluent les dépenses liées aux visites de retour dans leur budget financier ou collectent des fonds auprès de la loterie sociale afin de répondre aux besoins de ces familles étrangères. De même, les autorités locales ne seront pas autorisées à facturer des frais à ces familles.
En Chine, seuls les enfants des foyers sociaux enregistrés peuvent être légalement adoptés. L'année dernière, ces centres hébergeaient environ 86 000 enfants, soit 21% des 410 000 orphelins du pays, a annoncé le ministère. Ce chiffre représente cependant une diminution de plus de 20% par rapport à il y a sept ans, quand ils étaient 108 000.
Selon Tong Xiaojun, directrice de l'Institut chinois de recherche sur les enfants, qui fait partie de l'Université de l'Académie chinoise des sciences sociales, la baisse du nombre d'enfants dans ces foyers est la principale raison de la baisse des adoptions internationales. L'augmentation des revenus et l'amélioration des conditions de vie, en particulier dans les campagnes, ont pour conséquence que moins de parents souhaitent maintenant abandonner leurs enfants, qui pouvaient être considérés dans le passé comme un fardeau financier, a-t-elle déclaré.
« Comme les familles ne peuvent adopter que les enfants venant d'organismes de protection sociale, et que le nombre d'orphelins dans ces institutions diminue d'année en année, les adoptions étrangères en seront naturellement affectées », a souligné Mme Tong, qui étudie le système d'adoption chinois depuis 2005 et fournit des conseils stratégiques au gouvernement central.
Elle a ajouté que les parents chinois avaient priorité dans le processus de demande. « C’est mieux pour les enfants s’ils peuvent être élevés dans un environnement qu’ils connaissent bien », a-t-elle expliqué. « Le gouvernement privilégie donc les familles chinoises en matière d'adoption et les familles étrangères doivent attendre plus longtemps ». Les familles chinoises ont adopté plus de 15 000 enfants l'an dernier, soit plus de 80% du total.
Traditionnellement, une grande partie des enfants abandonnés en Chine sont malades ou handicapés. Selon Mme Tong, les familles chinoises préfèrent adopter des enfants en bonne santé et non handicapés, et parce que ces familles sont prioritaires, les familles étrangères n'ont souvent accès qu'aux jeunes ayant des besoins spéciaux, a-t-elle précisé.