Depuis le début du jeûne de ramadan au Niger, le 29 juin dernier, on assiste à une prolifération généralisée de mendiants, partout dans la capitale nigérienne, Niamey; un phénomène qui constitue un véritable casse- tête pour la population qui commence à en avoir ras-le-bol, constate le correspondant de l'agence Xinhua.
Ils sont de tous les sexes, de tous les âges, de toutes les catégories. Les talibés reconnaissables par leurs gamelles, les aveugles, les handicapés des membres supérieurs, notamment, des personnes âgées ne pouvant plus travailler, les enfants travestis, pullulent dans tous les coins de la ville.
A ceux-ci vient s'ajouter la meute d'exodants qui se rue sur les passants, contraints de fuir la campagne pour se soustraire des affres de la crise alimentaire suite à une mauvaise saison agricole précédente.
En effet, la campagne agricole 2013 au Niger avait enregistré un déficit céréalier total de 343.560 tonnes, de source officielle.
Toutes choses qui ont rendu les conditions de vie des populations rurales notamment, déjà précaires, très difficiles cette année. D'où le flux incontrôlé des exodants vers la capitale. Et n'ayant pas d'autres activités, la plupart, notamment la couche la plus fragile (les personnes les plus âgées, les femmes et les enfants), étaient contraints de mendier pour survivre.
A Niamey, c'est un véritable déferlement de mendiants auquel l'on assiste. De jour comme de nuit, les mendiants sont visibles et abordent les passants, exhibant leur condition de misère pour susciter ainsi l'apitoiement des passants.
Leurs lieux privilégiés sont d'habitude le centre ville, la rue, les alentours et l'intérieur des marchés, des bistrots et autres maquis, la devanture des écoles, des centres commerciaux et des formations sanitaires, les lieux de cérémonie (mariage et baptême), la zone des administrations et surtout la hauteur des carrefours et des feux tricolores qui imposent aux automobilistes de marquer un arrêt.
Cependant, en cette période de ramadan, c'est une nouvelle catégorie de mendiants, de vrais bras valides, ne souffrant d'aucun handicap, qui entrent dans la danse. Ils ont fait de la mendicité leur profession. Désormais, chez ces derniers, la mendicité a dépassé le sens de la charité pour devenir une véritable arnaque.
Pour cette nouvelle race de mendiants, les lieux de prédilection sont notamment les mosquées où ils débarquent souvent avec des ordonnances en mains ou n'importe quel autre alibi ; le motif souvent invoqué, c'est pour payer des produits contre une maladie qui nécessite un traitement urgent, pour un parent. Et les arguments et le tact ont souvent fini par payer.
Il est souvent arrivé de constater que tous ne sont malheureusement pas sincères ; un jour, raconte un fidèle, "on a trouvé un de ces messieurs dans un bar entrain de boire de la bière après avoir spolié ses frères en islam. C'est un problème assez délicat qui doit interpeler tout un chacun".
Ce phénomène commence à rencontrer le sentiment d'exaspération de la population, mais surtout à susciter une inquiétude fondée chez les différentes associations islamiques du Niger.
Selon M. Haladou Yahaya, prédicateur à Niamey, certes l'islam est une religion communautaire, en ce sens que les musulmans doivent s'entraider, mais de-là faire de la mendicité une profession, c'est bafouer sa dignité, ce que condamne l'islam.
En islam, la mendicité est réservée aux indigents ; pour lui, tout celui qui fait de la mendicité un métier ou un droit, est entrain de corrompre sa vie. "Celui qui réclame alors qu'il possède ce qui lui suffit, viendra le jour du jugement dernier le visage griffé et balafré", selon le secrétaire général de l'Association islamique du Niger, citant un le prophète de l'Islam, Mohamed.