Alors que les déplacements de populations des zones d'habitations visent à sécuriser celles-ci et les mettre à l'abri de drames, les opérations de déguerpissements des quartiers précaires provoquent des affrontements violents entre habitants et policiers.
Le 16 juillet dernier, le gouvernement ivoirien a entamé sa phase de démolition des sites dangereux dans la commune d'Attécoubé (ouest d'Abidjan) après plusieurs semaines de sensibilisation. Dans le sous-quartier de Gbétitouo, de nombreux agents de police ont été déployés pour dissuader certains récalcitrants à la destruction. Des habitants se sont bruyamment insurgés contre la destruction de leurs habitations. Ces derniers qui refusent de libérer le site répertorié comme étant à haut risque, trouvent dérisoire, la somme de 150.000 FCFA que leur ont remis les autorités.
"Cette somme ne peut pas nous permettre de nous reloger. On doit nous dédommager dans les normes en nous donnant des sommes consistantes", a lancé l'un d'eux, un quinquagénaire.
Toutefois, contrairement aux grincements de dents, d'autres ex- occupants se sont montrés, réceptifs aux injonctions des autorités. Selon eux, l'opération d'évacuation vient à point nommer car le gouvernement les épargne de tout danger. "Nous ne sommes pas dans la logique de l'affrontement avec les forces de l'ordre. Nous avons accepté de déménager, parce que nous avons compris le bien fondé du message des autorités", a noté Karim Traoré, un autre habitant.
ATMOSPHERE TENDUE
Dans une atmosphère tendue, les bulldozers des autorités ont tout de même réalisé leur oeuvre de démolition des maisons concernées. La poursuite de l'opération mercredi dans le quartier précaire de Gobelet (est d'Abidjan) n'a pas été de tout repos pour les autorités sécuritaires. Les habitants mécontents ont dressé des barricades afin de gêner la circulation avant d'être dispersés à coups de gaz lacrymogène.
De nombreux jeunes ont choisi d'affronter la police qui n'a pas eu la tâche facile. Certains habitants déclarent ne pas avoir été avertis au préalables quand d'autres en revanche déclarent qu'ils n'ont pas reçu de dédommagement de la part de l'Etat et qu'aucun logement de substitution ne leur a été proposé.
"D' autres quartiers précaires ont reçu 150.000 F par habitant. Nous, nous n'avons rien reçu. Nous devons nous débrouiller pour trouver un endroit où dormir. Comment faire ?", s'interroge un habitant de Gobelé. L'indignation des populations de Gobelet a provoqué une "révolte", et les échauffourées avec les forces de l' ordre ont duré plusieurs heures.
LE GOUVERNEMENT MONTE AU CRENEAU
Face à la situation de violence, le gouvernement est de nouveau monté au créneau pour persuader et apaiser les populations. "Il n' y a pas d'autres alternatives, l'Etat doit prendre ses responsabilités", a soutenu jeudi le porte-parole du gouvernement Bruno Koné dans un entretien avec des médias.
"Nous entendons les pleurs, mais cette opération est dans l' intérêt des populations. Autant c'est douloureux pour les populations, c'est douloureux pour les autorités. Nous ne détruisons pas ces habitations de gaieté de coeur, mais c'est une nécessité. Nous espérons que chacun comprendra", a ajouté M. Koné.
De son avis, l'opération se veut à la fois vitale pour les populations et pour la ville d'Abidjan, car les désagréments actuels sont issus d'une urbanisation anarchique et incontrôlée dans la capitale économique ivoirienne.
Avec les fortes pluies que la Côte d'Ivoire subit depuis le mois de juin, de nombreuses zones sont devenues à risque du fait des récurrentes inondations, des éboulements et des glissements de terrain. Ces catastrophes se sont déjà avérées meurtrières car ayant causé la mort de 39 personnes. Le gouvernement a ainsi décidé de faire évacuer ces zones à risques pour prévenir d'autres drames.