Les cinquièmes élections générales du Mozambique depuis l'indépendance du pays approchent à grand pas et les observateurs sont inquiets pour la situation sécuritaire après les élections du 15 octobre.
Au cours des deux premières semaines des campagnes électorales, de violents incidents ont éclaté selon les médias locaux, dont la plupart impliquait des membres et partisans du Mouvement démocratique mozambicain (MDM) et le parti Frelimo, dans les provinces de Gaza et de Nampula.
Toutefois, la situation est redevenue calme après l'intervention immédiate et déterminée du président de la Commission électorale nationale (CNE), Abdul Carimo, et des sociétés civiles, qui ont permis d'éviter une potentielle escalade des violences vers d'autres régions du Mozambique.
A la fin des campagnes, des attaques se sont de nouveau produites dimanche entre partisans de l'ancien mouvement rebelle Renamo et sympathisants du parti au pouvoir.
Les derniers affrontements ont fait 15 blessés et des dizaines de véhicules et maisons ont été vandalisées.
Les Mozambicains craignent que le perdant des élections n'accepte pas sa défaite. Les trois principaux partis participant aux élections générales ont promis de respecter les résultats tant que les élections sont libres et transparentes le 15 octobre à Maputo.
Les ambassades américaine et portugaise à Maputo ont déjà évoqué dans des communiqués séparés la possibilité que des violences n'éclatent après les élections mozambicaines.
D'après les statistiques des élections passées, rapportées par le journal local Savana, le parti au pouvoir Frelimo a remporté toutes les élections depuis 1975, et l'écart entre le Frelimo et l' ex-mouvement rebelle Renamo, qui est le plus grand parti d'opposition, n'a cessé de se creuser au cours des élections de 1999, 2004 et 2009.
Les analystes à Maputo estiment que le parti au pouvoir a les plus grandes chances de remporter les élections, mais que cela pourrait par la suite engendrer des violences car l'opposition a commencé à inciter les gens à se venger du Frelimo "pour les erreurs du passé".
Le chef du Renamo, Afonso Dhlakama, a déclaré qu'il respecterait les résultats des élections, mais il a également dit lors de sa campagne que s'il n'était pas élu "les choses empireront", sans préciser dans quel sens.
Un fait relevé par les observateurs et les médias locaux étayant l'hypothèse de possibles violences est que les hostilités armées continuent d'exister concrètement, même si le président Armando Guebuza et le chef du Renamo ont ratifié le 5 septembre à Maputo un accord de paix pour mettre fin aux hostilités.
Le gouvernement et les experts militaires du Renamo ont rapporté qu'ils avaient préparé les modèles qui seront utilisés pour intégrer les forces restantes du Renamo aux forces armées du pays, à sa police et à sa vie civile, mais le travail d' intégration n'a pas commencé.
La mission internationale d'observation chargée de superviser la cessation des hostilités et le processus d'intégration est officiellement entrée en fonctions le 1er octobre, mais les observateurs du Portugal, du Royaume-Uni et des États-Unis ne sont pas encore arrivés.
Cela signifie que les élections dans ce pays d'Afrique australe se dérouleront alors que le Renamo dispose toujours d'hommes armés, impliqués dans des hostilités récemment avec les forces gouvernementales, et à ce stade, personne ne peut garantir que le chef du Renamo n'utilisera pas sa milice privée pour tenter de changer le résultat s'il perd à nouveau les élections.
De plus, un politologue de Maputo, Elias Cossa, souligne que les accusations de corruption, de népotisme et de mauvaises politiques en matière de santé et d'éducation pourraient avoir un impact négatif sur le parti Frelimo et son candidat à la présidentielle Filipe Nyusi.
Selon Cossa, les erreurs commises par le Frelimo au cours des dernières dernières années ont aidé le chef de la Renamo Dhlakama.
"Les gens sont fatigués de la domination du Frelimo. Ce parti a été arrogant au cours des dernières années et resté loin des gens. Tout ce que les gens veulent, c'est un changement", a déclaré Miguel Sitoe, un résident de Maputo.