Le gouvernement mozambicain et la Renamo, principal parti d'opposition, ont signé le 24 août un accord sur la cessation des hostilités dans tout le pays, à moins de deux mois des élections générales prévues le 15 octobre. Les analystes soulignent toutefois que, malgré la signature de cet accord, beaucoup de travail reste à faire pour parvenir à la réconciliation nationale et à la confiance entre les deux parties, soulignant par ailleurs que le pays entre désormais dans une phase cruciale avant les élections.
La signature de l'accord a été saluée par différents cercles de la société et d'autres partis politiques, dont le Frelimo, parti au pouvoir, car elle ouvre la porte à la paix et à la stabilité ainsi qu'à une libre circulation des personnes et des marchandises au Mozambique, un pays qui a subi des hostilités militaires récemment en particulier dans la province de Sofala dans le centre.
Cet accord a été signé par les dirigeants de délégations du gouvernement et de la Renamo, respectivement Jose Pacheco et Saimone Macuiana.
Toutefois, certains analystes ont soulevé plusieurs questions après la signature, se demandant par exemple s'il apporterait une paix durable et définitive au Miozambique, et s'il amènera à la confiance entre les deux parties qui luttent l'une contre l'autre depuis si longtemps.
Le réponses à ces questions peuvent être envisagées sous deux aspects. Tout d'abord, l'accord de fin des hostilités devait être signé par le président Armando Guebuza et par le chef du Renamo, Afonso Dhlakama.
Signe de sa suspicion, M. Dhlakama a refusé de quitter son repaire dans le district de Gorongosa dans le centre du pays, par crainte d'un assassinat, selon ce qu'il a déclaré aux journalistes.
Il a donc confié à M. Macuiana le pouvoir de diriger sa délégation auprès de ces discussions, et de signer l'accord en son nom, ce qui a contraint M. Guebuza a confier lui aussi la signature au chef de sa délégation, M. Pacheco, qui est également ministre de l'Agriculture.
Ensuite, un autre signe de suspicion du Renamo réside dans le fait qu'il demande au Parlement du pays, l'Assemblée de la République, d'adopter une loi ratifiant la déclaration de cessation d'hostilités signée avec le gouvernement, accord qui doit toujours théoriquement recevoir l'approbation de MM. Guebuza et Dhlakama lors d'une cérémonie publique dans un proche avenir. Toutefois, la date de cette cérémonie reste indéterminée.
Interrogé lundi sur la question de savoir quand il comptait quitter son repaire de Gorongosa et commencer sa campagne pour l'élection présidentielle, M. Dhlakama n'a pas donné une date précise, mais a promis non seulement de quitter la brousse, mais aussi de rencontrer M. Guebuza.
Une fois de plus, le temps n'est pas de son côté. La campagne électorale pour les élections d'octobre commence officiellement dimanche prochain.
"Nous voulons commencer la campagne, une campagne sans violence ", a-t-il souligné. "Nous voulons une campagne politique paisible, afin que le peuple mozambicain puissent analyser les discours des candidats".
En outre, après la signature de l'accord de cessez-le-feu, les négociations entre les deux parties continueront afin de parvenir à un consensus pour séparer l'Etat du parti au pouvoir et des avantages économiques comme le exige la Renamo.
Les trois documents déjà approuvés par les deux parties sont attachés à la déclaration, dont le Protocole d'entente qui prévoit l'intégration de ce qu'ils appellent les "forces résiduelles de la Renamo" dans l'armée et la police et la saisie de toutes leurs armes.
Les détails seront examinés par les experts militaires des deux côtés, qui doivent présenter un document lors d'une session plénière du dialogue enre le gouvernement et la Renamo.
L'intégration et le désarmement de la Renamo seront accompagnées et surveillées par des observateurs internationaux, qui seront réunis dans le Groupe d'observateurs militaires internationaux pour la cessation des hostilités militaires (EMOCHM) .
Comme convenu il y a plusieurs mois, les pays invités à envoyer des observateurs sont le Botswana, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud, le Kenya, le Cap-Vert, le Portugal, l'Italie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Les termes de référence pour l'EMOCHM stipulent qu'il y aura 23 observateurs militaires étrangers, accompagnés par 70 officiers mozambicains, la moitié du gouvernement et la moitié de la Renamo.
Pendant 135 jours renouvelables, leur tâche sera d'"observer, de surveiller et d'assurer la mise en oeuvre de la cessation des hostilités militaires et le début des phases ultérieures".