Au Burkina Faso, plusieurs dizaines de manifestants ont une nouvelle fois exigé mardi le départ du ministre des Infrastructures et des Transports, Moumouni Diéguimdé qu'ils accusent d'être un ancien prisonnier et un faussaire, des accusations que ce dernier avait rejeté en bloc lors d'une conférence de presse tenue dimanche dernier.
"La conférence de presse que M. Diéguimdé a donné le dimanche ne nous a aucunement rassurés [...] car il n'a pas pu se défendre", a noté un agent du ministère en charge des infrastructures, devant l'immeuble dudit ministère, Kouadima Dapougdi.
Le ministre burkinabè des Infrastructures, Moumouni Diéguimdé a refusé dimanche dernier de démissionner, rejetant toutes les accusations.
Dans un article intitulé "Un ex-prisonnier dans le gouvernement Zida", le bimensuel d'enquête Le Reporter, paru mi-décembre, affirme que "le ministre a fait de la prison aux Etats-Unis pour faux et usage de faux" dans les années 90.
Sa nomination à la tête de ce ministère est contestée par le personnel et une partie de la société civile. Les manifestants ont reçu mardi le soutien du mouvement "Balai Citoyen", une organisation de la société civile, ayant joué un rôle important dans le départ précipité de Blaise Compaoré.
"Nous soutenons le droit, nous soutenons la bonne gouvernance et il y a une question de moralité publique, c'est ce qui motive notre présence, ce matin, pour soutenir cette lutte", a expliqué Serge Bambara, alias Smockey, membre du Balai Citoyen.
M'Bi Yaméogo, délégué du dudit ministère, qui dit avoir été " brièvement" interpellé par la gendarmerie nationale, le lundi 29 décembre, a cependant réaffirmé la volonté des agents de voir " démettre" le ministre Diéguimdé par le Premier ministre.
Face à ces "allégations graves", le gouvernement "est en train de vérifier, d'investiguer [...] avant de (se) prononcer", a souligné le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, T. Frédéric A.K. Nikiéma.
En novembre, des manifestations avaient déjà contraint l'ex- ministre de la Culture, Adama Sagnon à la démission. La société civile reprochait à cet ancien procureur son traitement de l'affaire Zongo, un journaliste dont l'assassinat en 1998 avait embrasé le pays.
Depuis la chute de Blaise Compaoré suite à une insurrection populaire le 31 octobre après 27 ans de règne, le Burkina Faso vit une période de transition, qui devrait déboucher à des élections générales en 2015.