Le juge sud-africain Hans Fabricius a défendu lundi son jugement historique en faveur du suicide médicalement assisté.
Dans un document de 60 pages, M. Fabricius a donné les raisons de sa décision, indiquant qu'en l'absence de législation sur le suicide assisté, les tribunaux devaient examiner la question au cas par cas et prendre une décision fondée sur la situation particulière de chaque demandeur.
Jeudi dernier, M. Fabricius a rendu un verdict autorisant le suicide avec assistance médicale de Robin Stransham-Ford, un homme de 65 ans souffrant d'un cancer de la prostate.
M. Stransham-Ford, résident du Cap, a déposé une demande au tribunal pour obtenir l'autorisation pour un médecin d'opérer sur lui un suicide médicalement assisté, ou euthanasie. M. Stransham- Ford est décédé jeudi, peu après la publication du verdict de M. Fabricius.
M. Fabricius a également estimé que l'interdiction du suicide assisté par des médecins enfreindrait le droit de chaque Sud- Africain à la dignité, droit garanti par la Constitution.
Ce verdict a soulevé un débat enflammé sur l'euthanasie dans ce pays.
Dans sa déclaration ce lundi, M. Fabricius a maintenu fermement son verdict, le premier dans ce sens, refusant de revenir dessus.
La question doit maintenant être tranchée par la Cour constitutionnelle, a-t-il dit. Le jugement en appel aura lieu le 2 juin.
M. Fabricius a rejeté une demande du gouvernement et du Conseil des professions médicales de lever son jugement, déclarant qu'il s'agissait d'une question d'intérêt public et qu'elle pourrait affecter davantage de personnes que le seul M. Stransham-Ford.
Lundi également, le ministre de la Justice et des Services correctionnels, Michael Masutha, a exprimé son opposition au suicide médicalement assisté.
La Constitution ne reconnaît à personne le droit de tuer une autre personne, a indiqué le ministre.
En aidant une personne à se suicider, on devient complice de meurtre, a déclaré le ministre.
"Nous voudrions que ce jugement soit invalidé du fait que le patient est décédé, et nous aimerions également veiller à ce que ce jugement ne puisse être utilisé ou repris par tout autre tribunal", a-t-il ajouté.