Dernière mise à jour à 10h23 le 05/03
Chaque année, plus de sept millions de décès dans le monde peuvent être attribués à la pollution de l'air, tandis que les changements climatiques entraînent des dizaines de milliers de morts de diverses causes chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
S'exprimant lors d'une discussion en comité du Conseil de l'ONU sur les droits de l'Homme à propos des relations entre changements climatiques et santé, la directrice général de l'OMS, Margaret Chan, a dit que d'ici à 2050, selon les prédictions des experts, les changements climatiques devraient provoquer quelque 250.000 morts supplémentaires chaque année, rien que du fait du paludisme, de la diarrhée, des contraintes thermiques et de la sous-nutrition.
"Les sécheresses, les inondations, les feux de forêts et les canicules coûtent des vies humaines. Le monde ne peut pas se permettre de ne pas agir énergiquement. Tenir les pays responsables de leurs politiques climatiques est aussi une question de justice", a-t-elle observé, ajoutant qu'en matière de santé publique, les changements climatiques s'étaient imposés comme la question essentielle du 21ème siècle.
L'impact des changements climatiques est universel, imprévisible et parfois contesté, et l'être humain et sans doute l'espèce la plus importante menacée par les changements climatiques, a-t-elle dit.
Les chiffres publiés par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) ont révélé que l'année 2015 avait été la plus chaude jamais enregistrée depuis le début de ces mesures en 1880, et que l'année 2016 devrait selon les prévisions être encore plus chaude.
"Les sécheresses menacent des sources d'alimentation déjà en péril, en particulier dans les pays pauvres où l'agriculture de subsistance est dépendante des pluies", a souligné Mme Chan.
L'échelle de cette menace est immense, d'après la responsable de l'ONU. Dans certains pays, plus de 70% de la population dépend de l'agriculture de subsistance pour vivre. Les épidémies de choléra sont favorisées par un excès ou un manque d'eau. Les insectes et autres vecteurs de cette maladie sont très sensibles aux paramètres de chaleur, d'humidité et de précipitations. Les changements climatiques ont étendu considérablement le rayonnement géographique de la dengue, et ils pourraient faire de même pour le paludisme.
"Plus de la moitié de la population mondiale vit dans une région où les moustiques aedes aegypti, principal vecteur des virus de Zika, de dengue et de chikungunya, sont présents. Le réchauffement des températures menace d'étendre cette zone géographique encore davantage.
Toutes ces conséquences pour la santé signifient que le premier accord mondial contre les changements climatiques conclu à Paris l'année dernière n'est pas seulement un traité sur l'environnement, mais aussi un traité sur la santé, tandis que le respect des droits de l'Homme et de lois et principes a le potentiel pour façonner des politiques pour l'atténuation et l'adaptation aux changements climatiques, a-t-elle dit.
D'après cette responsable, l'une des plus grandes barrières qui entrave la réalisation du droit à la santé est la pauvreté.
"Les foyers pauvres du monde sont forcés de dépendre des sources d'énergie les plus polluantes rien que pour leur cuisine de tous les jours. L'utilisation de ces sources d'énergie, qui provoque une forte pollution de l'air à l'intérieur des foyers, est associée à plus de 3,5 millions de morts chaque année", a-t-elle dit.
La moitié des installations de santé de certains pays d'Afrique n'ont pas un accès fiable à l'électricité et à une eau courante propre, et c'est un problème qui a été mis en lumière lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, a-t-elle ajouté.
"L'accord de Paris, en faisant une référence centrale aux droits de l'Homme, marque un progrès bienvenu. Toutefois, cet accord est largement volontaire et soumis à interprétation. Il faut maintenant un programme d'action qui serve aussi de cadre de résultats chiffrés permettant de tenir les comptes", a-t-elle conclu.