Trouvez un bon travail, crient-ils, faites quelque chose, ne faites pas que vivre aux frais de la princesse tandis que les contribuables financent votre style de vie somptueux. Leur logement, que certains journaux décrivent comme opulent, n'est pas très bien vu dans un pays où l'austérité fait partie intégrante du lexique politique.
Elle sait que pour certains son fils sera un symbole, que pour d'autres, il sera un objet de mépris et de ridicule. Son accent sera pour beaucoup l'occasion de lui coller une étiquette injuste et d'avoir la prétention de connaître ses ambitions et ses limites.
Elle se réjouit d'être seule avec lui dans les prochains jours, mais elle se rend compte que la société exige certaines choses d'elle. Certains appellent cela se sacrifier. Elle, elle appelle ça par son nom : le travail.
Son employeur, de qui elle reçoit de l'argent au noir, lui a accordé un congé de maternité non payé d'une semaine. Mais le gouvernement a annoncé que ses prestations de logement et de chauffage seront réduites, de même que l'allocation de mère seule.
Elle connaît les chiffres, ils sont accablants. Elle sait que le 1,9 million de familles monoparentales et leurs 3 millions d'enfants forment la partie la plus pauvre de la société britannique, que 46% d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté, et que, malgré les voix stridentes qui prétendent le contraire, seulement 3% des mères célibataires sont des adolescentes, 55% ont eu des enfants dans le cadre du mariage, et que 57% travaillent, selon les statistiques de Gingerbread, une organisation caritative britannique qui vient en aide aux parents isolés, et de l'Agence de Soutien à l'Enfance du pays.
Quand elle était en convalescence dans la salle commune, elle a appris que la Duchesse de Cambridge avait accouché. Son fils est né le même jour. Elle souhaité du bien au futur roi.