Vicki Zhao, aspirante-chercheuse en cinéma, a débuté sa carrière de réalisatrice avec le fameux So Young. Ce film montre la vie ordinaire d'un campus universitaire dans les années 1990, à son époque donc. En présentant notamment les chagrins d'amour des étudiants, Vicki Zhao part à la recherche du temps perdu en traitant des émotions avec une touche de nostalgie. Simultanément, en ancrant son œuvre dans cette époque et cette société, elle explique de manière lucide ses valeurs actuelles.
La cabine téléphonique à l'extérieur du dortoir, le couloir semblant sortir d'un autre temps, les chambres tapissées de posters des stars de l'époque, le best-seller de l'auteur américain John Gray Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus posée sur la table, les lits superposés, les plaques à induction, les ventilateurs de bureau, le professeur répétant à ses élèves d'éteindre leur pager qui sonne sans arrêt... Tous ces détails ramènent l'audience dans le passé. Les personnes nées dans les années 1950 et 1960, ou encore 1980 et 1990, peuvent chacun, à travers ce film, se remémorer les propres souvenirs qu'ils gardent de cette époque.
Les Chinois qui ont vu le jour dans les années 1970, comme Vicki Zhao, née en mars 1976, à la fin de la Révolution culturelle, ont mené une vie confuse : on leur a inculqué des sentiments patriotiques alors qu'ils étaient bercés par une vague d'individualisme. Ils ont vécu dans une « période de transition » vers l'époque contemporaine.
Malgré les efforts passionnés qu'a déployés Vicki Zhao pour reconstituer l'époque de sa jeunesse, celle-ci n'a pas pu s'affranchir des facteurs extérieurs relatifs à la production de films, dans notre ère caractérisée par la recherche du profit.
Ainsi, des marques qui n'existaient pas encore à cette époque-là sont promues dans le film. Il convient d'ajouter que la population née dans les années 1970, qui a vraiment vécu cette période, éprouve moins d'intérêt pour ces films dont l'histoire se déroule dans l'ancien temps : « Nous sommes désormais au XXIe siècle. Notre jeunesse ne reviendra jamais. Et même si l'on se laisse quelques instants transporter dans le passé, notre voyage est vite gâché par l'intrusion commerciale ! » a commenté un internaute en colère. Sachant également que le financement du film a rencontré quelques obstacles durant le tournage, cette même personne ajoute : « Cela prouve qu'actuellement, il est quasiment impossible de produire un ouvrage pur. »
Le réalisateur hongkongais de renom, Peter Chan, en utilisant ses propres ressources financières abondantes, a mis en scène dans la partie continentale de la Chine American dreams in China, qui retrace une époque qu'il n'a même pas connue. Le film raconte les péripéties d'une bande de trois amis à l'université dans les années 1980, qui sont contraints de choisir leur avenir, activement ou passivement, à l'heure où la tendance est à l'émigration. Après que leur propre « rêve américain » se brise, ils tirent parti du « rêve américain » poursuivi par des milliers de Chinois pour réaliser enfin leur « rêve chinois ». L'intrigue s'étale sur une période de trente ans, mais chaque détail a été minutieusement respecté, comme par exemple l'évolution des coiffures des protagonistes et les classiques du rocker Cui Jian qu'on entend en fond musical. Ces éléments ont ravivé chez les spectateurs les souvenirs du bon vieux temps.
Du point de vue artistique, cette production, qui s'intéresse à des jeunes faisant l'expérience de trahisons amoureuses et de l'effondrement de leur rêve, aurait pu traiter ces sujets sous des angles plus divers et approfondir davantage sa recherche sur la nature humaine. Cependant, le scénario étant inspiré de l'histoire vraie de la fondation de l'institut privé de langues étrangères New Oriental, le déroulement et la fin du film étaient a priori déterminés. Dans ce cadre limité, seul l'esprit d'initiative est la valeur qui est mise en avant dans le film.
American dreams in China a d'ailleurs été la cible de critiques lui reprochant de faire l'éloge du succès sans proposer de réflexion sur la société de surconsommation actuelle.
« Le plus difficile dans la vie, ce n'est pas d'obtenir le succès, mais de procéder à des choix, a déclaré Tang Ying, un responsable de 30 ans travaillant pour une société étrangère, après avoir visionné le long-métrage. À la fin de mes études universitaires, j'ai fait rire mes camarades lors de mon discours d'adieu lorsque j'ai déclaré : suivre des cours à l'université ou à l'étranger n'a pas pour objectif de nous transformer en agent économique à forte productivité. Nous devons avant tout rechercher le sens profond de la vie et ne pas se laisser distraire par des détails mineurs comme notre profession au quotidien, car à un moment donné, il est nécessaire de faire face à la réalité... »