Une réunion des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l' Afrique centrale (CEEAC), organisation régionale à laquelle la République centrafricaine (RCA) appartient avec huit autre pays, aura lieu le 3 avril à N' Djamena au Tchad après le putsch des rebelles de la Séléka dimanche à Bangui, a annoncé mercredi à Xinhua à Durban le président de la République du Tchad Idriss Deby Itno.
C' est une annonce faite au terme d' un mini-sommet consacré à cette crise en marge du 5e sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dans la principale ville de la province sud-africaine du Kwa-Zulu Natal.
"Il y a un échange que nous avons eu avec le président en exercice de l' Union africaine, la présidente de la Commission, profitant de la présence de certains chefs d' Etat de la CEEAC. Nous avons fait le tour de la question. Déjà à ce niveau il y a eu des positions qui sont déjà prises et qui sont rendues publiques", a déclaré le leader tchadien évoquant la décision de suspension de la RCA de l' Union africaine (UA).
Cette prise de pouvoir de l' alliance Séléka qui avait pris les armes depuis décembre et signé un accord de paix avec le président François Bozizé le 11 janvier à Libreville au Gabon, a été aussi condamnée par les Nations Unies, appelant au retour à l' ordre constitutionnel. Comme lors du coup d' Etat du dirigeant déchu lui-même en mars 2003 contre le président démocratiquement élu Ange-Félix Patassé.
"Nous sommes tous convenus de nous retrouver à N' Djamena le 3 avril pour voir comment faire -
c' est ce que nous espérons tous - pour revenir sur les accords de Libreville qui ont été signés en janvier 2013", a fait en outre savoir Idriss Deby Itno.
Prenaient part à la réunion de Durban, le Congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur de la crise,
l'Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Dessalegn, président en exercice de l' UA, la présidente de la Commission de l' UA, Nkosazana Dlamini-Zuma.
De l' avis du président tchadien, la médiation se poursuit pour tenter d' obtenir le retour à l' ordre constitutionnel.
"La médiation reste. Elle reste saisie de la question de la RCA, la CEEAC reste saisie de la question de la RCA, l' Union africaine reste saisie de la question de la RCA tant que l' ordre constitutionnel n' est pas revenue".
C' est un défi difficile à relever dans la mesure où le propre putsch du 15 mars 2003 de François Bozizé, ex-chef d' état-major des Forces armées centrafricaines (FACA), est un précédent, au même titre que les autres perpétrés par le passé. Car, la RCA est un pays pauvre d' Afrique centrale qui a toujours été en proie à des rébellions.
Malgré les divisions observées ces derniers temps dans ses rangs, la coalition Séléka composée de plusieurs mouvements a réussi à atteindre son objectif de chasser du pouvoir le président Bozizé, élu en 2007 et réélu en 2011 lors d' un scrutin qualifié de truqué par l' opposition qui s' est vu confier le poste de Premier ministre, confié à l' avocat Nicolas Tiangaye, par les accords de Libreville.
Ces accords conclus dans un délai court de trois jours sous les auspices des leaders de la CEEAC avaient décidé la mise en place d' un gouvernement d' union nationale, chargé d' assurer une transition
d'un an jusqu' à la tenue de nouvelles élections législatives en 2014.
Après leur prise de pouvoir, les rebelles ont logiquement désigné leur leader, Michel Am Nondokro Djotodia, comme le nouvel homme fort de Bangui. Visiblement, ils ne sont pas ébranlés par les sanctions annoncées par l' Union africaine, une organisation qui a appris s' accommoder de telles situations. Madagascar en est l' exemple le plus illustratif de l' heure depuis 2008.
Par Raphaël MVOGO