Le Maroc a commémoré jeudi le 10ème anniversaire des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, ville située à 80 km au sud de Rabat.
Il y a dix ans, jour pour jour, cette capitale économique du royaume a été la cible des attentats terroristes les plus meurtriers dans l'histoire du Maroc. Peu avant 22h00 heure locale, Casablanca était secouée par cinq attentats-suicides quasi-simultanés qui avait visé l'hôtel Farah, la Casa Espana, un restaurant italien et des cibles juives comme le Cercle de l'alliance israélite et un ancien cimetière juif. Ces attentats ont fait 45 morts, dont 12 kamikazes, et une centaine de blessés.
Dans la seule Casa Espana, près d'une vingtaine de personnes ont péri. La majorité des victimes étaient de nationalité marocaine. Quatre Espagnols, trois Français et un Italien sont également morts à la suite de ces attaques.
Les quatorze kamikazes, dont deux ont été arrêtés après avoir renoncé à se faire exploser au dernier moment, venaient pour la plupart de Sidi Moumen, un quartier de bidonvilles à la périphérie de Casablanca. Ils avaient épousé les thèses de l'extrémisme islamiste dans ce quartier accablé par la misère, le chômage et l'analphabétisme.
Cependant, toutes ces années n'ont pas réussi à estomper la douleur des familles des victimes ni à faire oublier la cruauté de cet acte barbare. La crainte du terrorisme envahit toujours les lieux cibles de ces attaques meurtrières. Bien que le dossier soit clos, des voix s'élèvent pour la réouverture de l'affaire. Des associations des droits de l'Homme ont exigé une nouvelle enquête pour établir la vérité. L'association marocaine des victimes du terrorisme réclame également la vérité.
Par ailleurs, les attentats du 16 mai ainsi que celui perpétré en 2011 à Marrakech (328 km au sud de Rabat) ont poussé l'Etat à se doter d'instruments légaux pour combattre le terrorisme.
Sur le volet juridique, le Maroc a déployé de grands efforts pour lutter contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. Le Maroc, qui a adhéré à la lutte contre le terrorisme international et régional, a élaboré une approche fondée sur une gouvernance sécuritaire développée en matière de lutte contre le crime terroriste, a souligné mercredi à Casablanca le délégué interministériel aux droits de l'Homme Mahjoub El Hiba.
Lors d'une journée d'étude sur "les crimes terroristes et les droits de l'Homme", il a indiqué que les efforts tant au niveau international que régional dans ce domaine sont souvent confrontés aux difficultés de conciliation entre la lutte contre ce genre de crime et le respect des droits humains, notant que la lutte contre le terrorisme ne doit aucunement être une excuse à la violation de ces droits.
Intervenant pour sa part, Mme Souad Al Khamal, présidente de l'Association marocaine des victimes du terrorisme, a souligné la nécessité de la prise en charge des victimes à travers un mécanisme pour les soutenir et les dédommager, affirmant que le terrorisme ne cible pas principalement victimes innocentes mais tend à terroriser la communauté dans son ensemble. Les attentats terroristes de mai 2003 étaient "une chose nouvelle" pour le pays qui ne disposait pas encore d'un arsenal juridique pour faire face à ce phénomène et à ses conséquences, a-t-elle dit.
Aujourd'hui, l'activation des cellules terroristes armées dans la région du Sahel démontre que ce phénomène dépasse largement la capacité d'un Etat unique pour le combattre. Dans ce cadre, le pays continue de mener dans le cadre d'une stratégie préventive, des opérations réussies contre les complots des terroristes qui n'ont pas réussi à déstabiliser le royaume qui embrasse les principes de tolérance et d'ouverture.