Après l'avoir influencé pendant de longues années par une production portée à 486.000 tonnes en 1984 avant de chuter à 7.700 tonnes en 2004, la République démocratique du Congo (RDC) s'organise pour rebondir sur le marché du cuivre qu'il projette d'alimenter avec 100.000 tonnes en 2015, illustration d'une politique de relance de la filière en cours d'exécution.
En quête d'un nouveau souffle pour tourner la page d'une période de léthargie due à l'instabilité politique à Kinshasa consécutive à la chute du régime du maréchal Mobutu, suivie de cinq ans de guerre civile sanglante de 1998 à 2003, la Générale des carrières et des mines (Gécamines), bras séculier de l'Etat congolais dans le secteur minier, brandit un Plan stratégique de développement quinquennal 2012-2016 qui prévoyait pour la première année en 2012, 35.000 tonnes de production.
« En 2010, quand nous sommes arrivés aux affaires, la production était d'un peu moins de 20.000 tonnes. La première année de l'exécution du plan quinquennal, donc 2012, il était prévu de produire 35.000 tonnes, mais nous en avons produit 36.000. Et cette année 2013, il est prévu de produire 50.000 tonnes, l'année prochaine 75.000 et l'année 2015, 100.000 tonnes », a indiqué dans un entretien à Xinhua A. Kalej Nkand, l'administrateur délégué nommé en 2010.
Présent à la deuxième édition du New York Forum Africa du 14 au 16 juin à Libreville au Gabon, le dirigeant d'entreprise a multiplié les contacts avec les investisseurs participant également à ce forum économique qui, depuis son lancement en 2012, s'est vite imposé comme un important rendez-vous de promotion des investissements mobilisant les milieux d'affaires, des acteurs de la finance y compris des décideurs politiques africains et internationaux.
Kalej Nkand affirme avoir hérité d'une entreprise traînant une lourde dette de 1,5 milliard de dollars américains. « Cette question, confie-t-il cependant, a subi un début de résolution, en ce sens que l'Etat congolais, qui avait décidé la transformation des entreprises publiques en sociétés commerciales en 2010, était conscient qu'en ne faisant rien la relance de ces entreprises était comprise. Alors, il avait décidé de reprendre une partie de ces passifs qui était qualifiés de passifs non assurables. »
A la faveur d'un décret du Premier ministre en 2012 concernant l'ensemble des ex-entreprises publiques congolaises transformées en sociétés commerciales, la Gécamines, devenue une société anonyme à responsabilité limitée (Sarl), s'est ainsi vue allégée de 580 millions de dollars de sa dette.
« En dehors de cela, il y a eu des arrangements entre entreprises publiques pour ce qu'on a appelé des dettes croisées, parce que les unes devaient aux autres. Une sorte de réconciliation des comptes a été réalisée. Cette opération aussi a permis d'alléger plus ou moins 250 à 300 millions de dollars », rapporte par ailleurs l'administrateur délégué.
En outre, fait-il encore savoir, « des contacts sont pris pour ce qui concerne la dette commerciale avec des créanciers pour pouvoir obtenir des décotes sur la dette. Ça a marché déjà, il y en a pour qui on a obtenu jusqu'à 70% de décote sur la dette ». Du coup, l'opérateur minier national se sent revigoré dans son ambition de se refaire une envergure mondiale.
Grâce à la restructuration de son passif, elle a désormais la possibilité de lever des financements pour, selon les propres propos de son dirigeant, « construire des projets très porteurs pour l'avenir ». En attendant la prise de participations d'investisseurs privés dans le capital de l'entreprise qui reste assuré par l'Etat malgré le principe d'ouverture induit par la mutation en Sarl, la Gécamines dresse aussi le bilan des activités des sociétés qu'elle a fait créer sur la base de partenariats en joint-venture.
De l'avis de Kalej Nkand qui établit un nombre de 9 sociétés en production sur 23 créées, « au début, il était question d'en créer deux environ pour pouvoir générer des ressources à réinjecter dans les opérations propres de la Gécamines et relancer sa production. Mais, les choses n'ont pas marché comme prévu. Alors, il y a eu plusieurs sociétés qui ont été créées en joint- venture, mais les retombées n'ont pas été celles que la Gécamines attendait ».
Créée en 1906 sous le nom de l'Union minière du Haut Katanga, elle a changé plusieurs fois de dénomination. Seule entreprise minière du pays produisant le cuivre et cobalt jusqu'aux années 1980, elle dispose d'une superficie d'environ 14.000 km2 cédée pour moitié à ces investisseurs privés congolais et étrangers, parmi lesquels des compagnies américaines, européennes, australiennes et chinoises dont les investissements sont estimés entre 12 à 15 milliards de dollars.
« Elle a été première productrice de cobalt avec 67% de production mondiale (dans les années 1980, NDLR). A l'époque, ça représentait 15.000 tonnes de cobalt l'an. C'était énorme », se souvient l'administrateur délégué. Alors que le cuivre se relevait doucement à 36.000 tonnes en 2012, cet autre minerai a stagné autour de 1.000 tonnes, un résultat médiocre par rapport à l'objectif fixé de 2.300 tonnes.
Pour les perspectives, 7.500 tonnes de cobalt sont toutefois visées à l'horizon 2015. « La Gécamines a accusé un retard de près de 15 ans d'exploration sur l'exploitation. C'était en quelque sorte du pilotage à vue qui se faisait », souligne Kalej Nkand pour qui la vétusté de l'outil de production est un autre écueil auquel le management de l'entreprise tente d'apporter des solutions.
Selon lui, « l'essentiel des usines date soit des années 1920, soit des années 1940. Et ces usines accusent beaucoup de faiblesses, occasionnent beaucoup de temps d'arrêt et c'est des pertes d'argent. Les rendements de récupération sont faibles et ça ne permet pas à l'entreprise de fonctionner de façon optimale ou de faire de l'argent. »
A cause de l'effondrement de sa principale mine de cuivre souterraine, la Gécamines a perdu en 1991 près de 30% de sa capacité de production. Ramenés d'environ 36.000 à quelque 11.000 employés aujourd'hui, ses effectifs sont toujours considérés comme une lourde charge. L'administrateur délégué en évalue plutôt les besoins entre 4.000 et 5.000. Comme quoi, un dégraissage d'environ 6.000 travailleurs est à deviner.