Le président égyptien Morsi est arrivé au pouvoir il y a peu plus d'un an, avant que le Ministre de la Défense ; représentant l'armée, n'annonce sa destitution. Depuis le début des troubles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la situation là-bas a changé de manière impressionnante. En théorie, l'élection d'un dirigeant d'un pays à la majorité absolue ou relative est légitime, mais l'exemple égyptien a illustré un autre fait : dans un pays qui manque d'une structure sociale appropriée, un système politique idéal, des choses licites peuvent, à cause de problèmes d'infrastructure sociale, dévier loin de leur vision originale.
Toutefois, même si les infrastructures sociales sont bonnes, que la situation du pays est bonne, il n'en reste pas moins qu'il y a une importante influence des pays occidentaux derrière ces troubles qui durent depuis un certain nombre d'années. Les troubles, la division, et même l'affaiblissement du monde arabe, sont depuis longtemps un objectif majeur de l'Occident. Pour trouver le point de départ, il faut analyser les relations entre l'Occident et le monde arabe, pas seulement d'un point de vue moderne, et remonter aussi dans les profondeurs de l'histoire. Les causes profondes du conflit entre l'Occident et le monde arabe sont un choc des deux civilisations, et ce choc des civilisations (y compris les conflits religieux) entre les deux blocs existe depuis un millier d'années. Le christianisme est la religion principale des pays occidentaux et l'Islam celle du monde arabe, et ce choc a commencé en 1096 avec la première invasion de l'Orient par les croisés, qui a ouvert une histoire de près d'un millier d'années de conflits violents. L'impact psychologique sur les populations des deux civilisations est évident. Aujourd'hui, nous voyons que les contradictions et les conflits entre elles ne sont pas nouveaux, et qu'au contraire elles sont la norme depuis 1096.
Même s'il y a eu beaucoup de conflits internes violents dans l'histoire du monde occidental, il y a toute une culture commune, qui garantit une certaine unité de l'Occident. Mais s'agissant des autres pays non-occidentaux, en particulier les nations opposantes ou rivales potentielles, la stratégie de l'Occident est simple et efficace -diviser pour mieux régner, en plantant les graines de la division maximale dans ces pays au nom du respect de l'autodétermination des peuples et des cultures. Aussi longtemps que ces pays resteront divisés ou troublés, l'Occident aura une chance d'y intervenir, lui permettant de placer ses pions avec des organisations, des individus ou des gouvernants proches de lui.
Dans les temps modernes, cette règle du diviser pour mieux régner n'a pas été appliquée seulement contre les pays arabes par l'Occident, d'autres pays en ont également fait les frais, y compris la Chine. C'est une vieille recette éprouvée par le temps. Comme les Britanniques le firent au début du 20e siècle avec l'illégale ligne de démarcation McMahon entre la Chine et l'Inde, semant les graines de la discorde entre les deux pays ; à la fin des années 1940, face au boom du mouvement d'indépendance nationale du sous-continent indien, les Britanniques ont été contraints de quitter l'Inde, tout en laissant un plan de partition de l'Inde et du Pakistan qui a fait que les conflits entre ces deux pays perdurent encore aujourd'hui ; et en Yougoslavie dans les années 1990 en raison de l'éclatement de la guerre civile pour des questions ethniques, la dernière division en date. Jusqu'alors, ces peuples vivaient en harmonie.
Dans les relations internationales modernes, bien qu'en apparence les connotations religieuses ne soient plus aussi fortes, la puissante influence des religions sur la culture marque encore les relations internationales de sa profonde empreinte.
L'auteur, Feng Yue, est Directeur des archives à Institut des sciences politiques de l'Académie chinoise des sciences sociales