Le Mouvement du 23 mars (M23) a demandé aux Nations Unies de diligenter une enquête pour faire la lumière sur les bombardements dans la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.
"En effet, au cours de son initiative de guerre entamée le 21 juillet dernier et qui est présentement en cours, l'armée gouvernementale alliée aux Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), le gouvernement congolais a décidé de tirer au mortier des obus dans la ville de Goma causant mort d'hommes et créant un climat de désolation parmi les habitants de la ville", a indiqué le M23 dans une lettre ouverte adressée au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
"En dépit de l'avantage de nos forces sur l'adversaire et en signe de respect à la déclaration des chefs d'Etat des pays membres de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) du 24 novembre 2012, notre mouvement s'est abstenu d'occuper les espaces abandonnés par l'armée gouvernementale et ses alliés dans leur fuite étant donné que nous croyons, à l'instar de la communauté internationale, en une solution négociée pour résoudre définitivement la présente crise", poursuit la lettre.
"C'est pour cette raison (...) que nous vous demandons de diligenter une mission d'enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les événements de ces jours dans cette partie du pays et tirer les responsabilités car nous avons la ferme conviction que le gouvernement congolais recourt à des méthodes prohibées pour induire, une fois de plus, la communauté internationale toute entière en erreur", a indiqué le président du M23, Bertrand Bisimwa.
Le porte-parole du M23, Amani Kabasha, a affirmé à Xinhua que " lorsque les bombes sont tombées dans la ville, la MONUSCO venait de confirmer que les éléments du M23 se trouvaient déjà dans la zone de sécurité, définie par elle, autour de Goma; c'est-à-dire en position très avancée vers cette ville", ajoutant que "le M23, en position aussi confortable, ne pouvait gâcher son avantage en commettant la bévue de larguer des bombes sur une agglomération de près d'un million d'âmes".
"L'identification des projectiles qui sont tombées dans la ville de Goma et celle de Gisenyi (au Rwanda) à intervalle de 7 minutes seulement, sont des bombes du mortier 107mm, que le M23 ne possède pas dans son arsenal militaire", a-t-il poursuivi.
Vendredi, le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende a déclaré que le plus grand nombre de tirs provenaient du territoire du Rwanda. "La RDC attend de son voisin une explication sur ces faits particulièrement graves", a-t-il dit lors d'un point de presse.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Martin Kobler, a déclaré à Goma que les nouvelles attaques sur Goma ne resteront pas impunies, selon un communiqué de la MONUSCO.
"Je condamne fermement ces attaques indiscriminées et inacceptables contre les populations civiles", a indiqué M. Kobler, affirmant avoir donné l'ordre à la Force de la MONUSCO de "réagir avec toute l'énergie nécessaire contre ces crimes effroyables et innommables".
"La MONUSCO renouvelle son soutien indéfectible aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Et, elle mettra en oeuvre tous les moyens en sa possession pour protéger les populations civiles", a-t-il déclaré.
Samedi, la population en colère était descendue dans les rues de Goma, fustigeant la léthargie de la MONUSCO, après qu'une bombe fut tombée à Goma, faisant un mort et 7 blessés.
Jeudi dernier, 11 obus sont tombés dans différents quartiers de Goma, tuant quatre personnes, dont 1 femme et 3 enfants et faisant une douzaine de blessés, d'après le gouvernement congolais.
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a dénoncé pour sa part le non-respect des droits humanitaires des populations civiles, suite aux bombardements de jeudi et samedi sur la ville de Goma.
"Nous condamnons fermement des attaques visant surtout les populations civiles. Et nous appelons toutes les parties au conflit à respecter toutes les installations civiles c'est-à-dire les camps des déplacés, les hôpitaux, les écoles", a indiqué M. Simon Lubuku, chargé des relations extérieures au HCR/RDC.
Il a affirmé que les obus étaient tombés près des camps des déplacés situés à la périphérie de Goma.