Dernière mise à jour à 09h03 le 08/10
Les survivants du génocide au Rwanda en 1994 ont exprimé leurs protestations contre la décision d'un tribunal français d'abandonner les poursuites contre un prêtre rwandais accusé de génocide.
Le tribunal français a abandonné mardi les poursuites contre le père Wenceslas Munyeshyaka, auparavant reconnu coupable de génocide par contumace par un tribunal rwandais.
Le dossier de M. Munyeshyaka a été transmis au tribunal français par le Tribunal international pénal pour le Rwanda, basé en Tanzanie.
Les avocats français ont demandé en août l'abandon de ce dossier pour "manque de preuves".
M. Munyeshyaka, ex-vicaire de la paroisse de la Sainte Famille à Kigali, capitale du Rwanda, lors du génocide de 1994, est accusé d'avoir participé aux meurtres et d'avoir livré des femmes de la minorité Tutsi réfugiées dans son église à des milices qui les ont violées.
S'adressant aux journalistes mercredi, le docteur Jean Pierre Dusingizemungu, président de l'IBUKA, une association représentant les survivants du génocide, a déclaré que cette décision du tribunal n'était pas une surprise car le tribunal français "a l'habitude de refuser la justice".
"Nous dénonçons cette décision du tribunal dans les termes les plus vifs, car M. Munyeshyaka est un criminel du génocide et que de nombreux survivants du génocide peuvent en témoigner. C'est une insulte aux survivants et aux victimes et nous appelons le gouvernement français à extrader M. Munyeshyaka au Rwanda pour qu'il y soit jugé", a déclaré M. Dusingizemungu.
Le docteur Jean Damascene Bizimana, secrétaire exécutif de la Commission nationale du Rwanda pour la lutte contre le génocide, a déclaré que ce verdict était une nouvelle preuve de la réticence constante de la France à traduire en justice les resposables de meurtres de masse lors du génocide de 1994.
Ce tribunal français a jugé le mois dernier que Joseph Habyarimana, suspect recherché au Rwanda pour des accusations de génocide, ne serait pas extradé vers ce pays d'Afrique centrale, soulignant que ses crimes n'en étaient pas au moment des faits et que les lois ne peuvent s'appliquer rétroactivement.
En mai, la cour d'appel française a libéré le docteur Charles Twagira, suspecté d'implication dans le génocide.
Le gouvernement rwandais pourchasse les personnes accusées d'avoir participé au génocide. Jusqu'à présent, sept de ces personnes ont été extradées de l'Ouganda, du Canada, des États-Unis et de Tanzanie pour être jugées au Rwanda.
D'autres fugitifs sont toujours poursuivis, dont l'homme d'affaires Felicien Kabuga, accusé d'avoir financé le génocide.