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Cameroun : la directrice générale de la Banque mondiale discute du climat des affaires et du financement des infrastructures

Xinhua | 26.04.2016 09h45

La directrice générale de la Banque mondiale, Sri Mulyani Indrawati, s'est entretenue avec les autorités lundi à Yaoundé sur des dossiers portant principalement sur l'amélioration du climat des affaires et le financement des infrastructures, deux défis majeurs pour le gouvernement pour accélérer la croissance économique.

Présente dans le pays depuis la veille, pour sa première visite au Cameroun depuis sa nomination en 2010, Mme Mulyani Indrawati a été reçue lundi matin par le Premier ministre Philemon Yang, après une rencontre peu auparavant avec le ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze, qui venait de participer aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), tenues du 15 au 17 avril à Washington, aux Etats-Unis.

"C'est ma première visite au Cameroun. Le Cameroun fait face à de nombreux défis pour l'amélioration de l'économie. Le gouvernement met en œuvre sa Vision 2035 qui vise l'émergence économique à l'horizon indiqué. Dans cette perspective, il entretient avec nous des discussions concernant notamment le développement des infrastructures", a-t-elle souligné à Xinhua.

Parmi les secteurs d'intervention, l'énergie fait partie des priorités. Un choix compréhensible dans la mesure où le Cameroun, doté pourtant d'un important potentiel hydrologique, souffre d'un déficit criard en électricité, qui limite fortement tant en milieu urbain que rural l'accès des populations à cette ressource vitale.

Pour aider à satisfaire ces besoins, la Banque mondiale envisage d'ailleurs d'allouer d'ici à la fin de l'année entre 500 et 600 millions de dollars pour le financement des programmes de réhabilitation et de modernisation des infrastructures de la toute nouvelle Société nationale de transport de l'électricité (SONATREL).

La création en décembre 2015 de cette entreprise à capitaux publics consécutive à la libéralisation du secteur de l'électricité votée par l'Assemblée nationale en 2011 implique une réorientation des politiques publiques dans ce domaine.

La question a également été abordée lors des échanges entre la directrice générale des opérations de la Banque mondiale avec le chef du gouvernement et le ministre en charge de l'Economie.

Il en a été de même pour les secteurs des télécommunications et des transports, a-t-elle précisé en outre.

"Nous avons aussi discuté de la manière dont le gouvernement peut renforcer les systèmes de santé et d'éducation, parce qu'un grand nombre de personnes n'a pas accès à ces services. De la même manière, nous nous intéressons aux mesures qui doivent être prises pour améliorer le climat des affaires, pour faire en sorte de créer de nombreux emplois", a-t-elle confié dans l'entretien accordé à Xinhua.

C'est un des défis que les pouvoirs publics camerounais peinent à relever, en dépit des multiples rappels de la Banque mondiale sur la nécessité d'assainir un environnement des affaires gangrené par la corruption et les lourdeurs administratives, selon elle.

Résultat : dans le récent classement Doeing Business établi par cette institution, le pays occupe le 172e rang sur un total de 189 économies évaluées.

"Le secteur privé a besoin d'un environnement sans corruption pour faire de bonnes affaires et de meilleures opportunités pour investir de l'argent" et en conséquence créer de la richesse et des emplois", a prôné Sri Mulyani Indrawati.

Lors d'une visite de terrain lundi en fin de journée à Yaoundé, elle a apprécié la réalisation d'un programme de filets sociaux financé à hauteur de 25 milliards de francs CFA (50 millions de dollars), qui sortirait de l'état de pauvreté chronique quelque 40.000 ménages dans cinq des dix régions administratives camerounaises dans les deux années à venir.

Ce projet en cours d'exécution offre aussi des emplois à 30.000 personnes dans le cadre des travaux publics à haute intensité de main d'œuvre.

L'hôte du gouvernement camerounais a par la suite rencontré des représentants du secteur privé pour des échanges dans les domaines de l'agriculture et de l'énergie.

A l'heure actuelle, le portefeuille de la Banque mondiale au Cameroun est évalué à 1.338 millions de dollars pour un total de 20 projets, des financements octroyés à des conditions de prêts concessionnels, signale un communiqué de presse officiel relatif à cette visite.

"La visite de la directrice générale a pour but, précise le texte, de renforcer le partenariat entre la Banque mondiale et le Cameroun et de discuter des priorités du gouvernement : promouvoir une croissance inclusive et adresser les disparités régionales de pauvreté, mettre en œuvre des réformes pour une croissance accélérée, et améliorer le climat des affaires pour favoriser la création d'emplois."

Cette visite a failli être annulée à la dernière minute, ce qui n'aurait pas été du goût des autorités camerounaises, pour un choix de calendrier qui tentait de privilégier Abuja, prochaine étape d'un périple africain de Mme Mulyani Indrawati dès mardi matin où les relations entre le pouvoir nigérian et la Banque mondiale sont tendues ces derniers temps, a appris Xinhua.

A l'origine de cette crise, le refus de cette institution internationale d'accorder un prêt à la première économie africaine, durement affectée par la chute des prix de pétrole et la dévaluation de sa monnaie, le naira.

Par Raphaël MVOGO

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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