Dernière mise à jour à 09h42 le 27/12
Les mesures d'austérité pour contrôler les dépenses publiques excessives, les efforts pour relancer le secteur industriel et réhabiliter la compagnie nationale sont quelques-unes des mesures économiques adoptées par l'administration du président tanzanien, John Magufuli.
Selon les analystes, ces mesures économiques adoptées pour l'essentiel en 2016 devraient assurer une prospérité économique remarquable à ce pays d'Afrique de l'Est, actuellement la deuxième économie de la région.
Air Tanzania Company Limited (ATCL)
Le président Magufuli est arrivé au pouvoir le 5 novembre 2015, succédant au président Jakaya Kikwete, parti en retraite après avoir dirigé le pays pendant dix ans en tant que candidat officiel du pari Chama Cha Mapinduzi (CCM, au pouvoir). M. Magufuli est également membre du CCM.
La Tanzanie, pays de plus de 45 millions d'habitants, affiche un taux annuel moyen de croissance du PIB de près de 7% depuis dix ans. Malgré une croissance économique rapide, plus de 46% de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté extrême, équivalant à 1,90 dollar USD par jour.
Benson Bana, professeur à la Faculté de sciences politiques et d'administration publique de l'Université de Dar es Salaam, a déclaré que les mesures économiques adoptées par le président en 2016 feraient probablement de la Tanzanie "un endroit plus agréable à vivre".
"Le gouvernement de la cinquième phase poursuit sa trajectoire dans la bonne direction", a indiqué M. Bana.
Le professeur a ajouté que les efforts pour relancer le secteur industriel national permettraient non seulement de faire de la Tanzanie un pays industrialisé, mais aussi de créer des emplois pour des milliers de jeunes chômeurs.
Sur le front politique, la nouvelle administration est davantage tournée vers l'action et s'est distinguée par le limogeage ou le licenciement de fonctionnaires accusés de mauvaise gestion, de conduite contraire à l'éthique ou de mauvaises performances, a souligné M. Bana.
Un autre succès politique a été la décision du gouvernement de déplacer la capitale de Dar es Salaam à Dodoma, a-t-il dit.
En juillet de cette année, M. Magufuli a déclaré aux délégués du Congrès général du CCM qu'il était déterminé à mener à bien le plan du dirigeant fondateur du pays, Julius Nyerere, de faire de Dodoma la capitale de la Tanzanie.
"L'objectif était de rapprocher les services gouvernementaux de la population grâce à la situation centrale de Dodoma. Toutefois, cette mesure traînait depuis des années en raison de contraintes financières et d'un manque de volonté politique", a expliqué M. Magufuli.
Toutefois, le pays a également connu des événements politiques négatifs tels que l'opposition superflue des députés d'opposition et le boycott de sessions parlementaires en protestation contre le style de direction du vice-président du Parlement.
UN PONT DE L'AMITIÉ
Lincoln Chitanda, ingénieur consultant basé dans la région de Mtwara, a pensé que l'inauguration du pont de Nyerere, ouvrage à la pointe de la technique construit par une entreprise chinoise pour relier le poumon économique du pays, Dar es Salaam, et le district de Kigamboni au sud de la crique de Kurasini, était un autre événement historique de 2016.
Ce pont de 135 millions de dollars a été ouvert au public le 19 avril, et a été baptisé par M. Magufuli en l'honneur du président fondateur du pays.
La construction de ce pont a également créé 5.000 emplois et permis aux habitants locaux de s'affranchir des ferries dont ils dépendaient auparavant pour traverser la crique. Ce pont annonce aussi une nouvelle ère de développement en Tanzanie voire dans toute l'Afrique.
La qualité et le succès de la construction de ce pont est l'un des symboles de la relation exceptionnelle qui existe entre la Tanzanie et la Chine, inaugurée par les dirigeants fondateurs des deux pays dans les années 1960, a poursuivi M. Magufuli.
INSTAURER LA DISCIPLINE
Kitojo Wetengere, conférencier au Centre des relations étrangères à Dar es Salaam, a également loué M. Magufuli pour sa lutte contre la corruption et en faveur des pauvres, ainsi que pour avoir augmenté les recettes collectées par le gouvernement, réduit les dépenses publiques superflues et révisé le budget du gouvernement afin de consacrer davantage de fonds aux projets de développement.
Le chef d'État est également parvenu à instaurer un esprit de discipline et de travail sérieux chez les fonctionnaires, a-t-il dit. "La période de la routine est terminée", a noté M. Wetengere.
D'autres analystes estiment qu'il reste des problèmes à régler, mais que M. Magufuli a fait de son mieux pour restaurer le respect de la Tanzanie dans différents secteurs.
Damian Gabagambi, professeur à l'Université d'agriculture de Sokoine, s'est déclaré convaincu que si la Tanzanie conserve l'esprit insufflé par M. Magufuli, elle devrait connaître des changements positifs dans un proche avenir.
RESTRUCTURATION DU PARTI
Alors que s'achève l'année 2016, le CCM, parti au pouvoir de Tanzanie, a subi une restructuration massive pour rapprocher le parti du peuple et réduire les frais de fonctionnement.
Certaines des restructurations annoncées par le Comité exécutif national (NEC) comprennent la réduction du nombre de membres de ses principaux organes de décision à tous les niveaux, ainsi que la centralisation des opérations du parti.
D'autres changements comprennent une réduction du nombre de membres du Comité central à 24, contre 34 actuellement, et l'interdiction du cumul des mandats à l'avenir.
La restructuration de ce parti, au pouvoir depuis plus de 50 ans, a été annoncée par M. Magufuli lors de sa désignation comme président du parti en juillet.
Le CCM a également réduit le nombre de membres du NEC à 158, contre 388 actuellement, réduit le nombre de réunions du NEC de trois à deux fois par an, et réduit autant que possible les effectifs des comités politiques régionaux.