Dernière mise à jour à 09h41 le 27/12
Quand arrive la nouvelle année, il est de coutume de prendre des bonnes résolutions : l'une de celles-ci pour 2017 pourrait être de ne plus donner de fessée ni de gifle ni même de petite tape sur la main de son enfant. Une bonne résolution qui va aussi devenir un impératif en France, puisque le Parlement vient d'adopter définitivement un amendement à la Loi égalité et citoyenneté qui interdit « tout recours aux violences corporelles », sans toutefois préciser la nature desdites violences, ce qui fait que les fessées, gifles ou tapes seront sans nul doute implicitement concernées. Ce faisant, la France ne fait que s'aligner sur une injonction du Conseil de l'Europe qui lui avait demandé de le faire sous peine de condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme.
Pour Pierre Suesser, Président du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile, c'est une « avancée ». « L'éducation doit permettre à l'enfant d'intérioriser les limites. Elle ne saurait reposer sur des violences ou des humiliations, physiques comme psychologiques. Recourir à des châtiments corporels, même légers, c'est laisser penser à l'enfant qu'il peut user de la violence pour parvenir à ses fins », a-t-il averti. Si aujourd'hui encore, certains parents persistent à dire qu'« une bonne fessée de temps en temps ne fait pas de mal », pour le pédopsychiatre Daniel Marcelli en revanche, « il n'y a pas de bonne fessée ». Ce geste, dit-il, est porteur d'humiliation, « la pire toxine individuelle et sociale ». De fait, « dès qu'il grandit, l'enfant qui a été humilié sera enclin à humilier les plus faibles que lui ».
Bien entendu, a-t-il poursuivi, le texte n'a pas pour but de « judiciariser la moindre tape, mais de faire comprendre aux parents que frapper, c'est rabaisser et s'arroger sur le corps de l'enfant un droit qu'on n'a pas ». Certains diront familièrement, en guise d'excuse, qu'ils ont « pété un câble ». Mais le risque, selon Daniel Marcelli, est que, lorsqu'on accepte cet argument qui parle à tous, c'est de « conforter dans leur attitude des parents qui, pour un oui ou pour un non, perdent le contrôle d'eux-mêmes ». Pourtant, selon un sondage fait en 2015, 70% des Français se disaient opposés à une interdiction de la fessée. « Pour beaucoup d'adultes qui en ont reçu dans leur enfance, soutenir cette évolution reviendrait à considérer que leurs propres parents se sont mal comportés », a souligné Daniel Marcelli.
De son côté, Dominique Marcilhacy, présidente de l'Union des familles en Europe, qui revendique 15 000 adhérents, estime que « Les parents ont tout simplement envie qu'on leur fiche la paix, que l'État ne s'immisce pas dans la façon dont ils élèvent leurs enfants ». Pour elle, « priver les parents de cette possibilité lorsque plus aucun autre argument n'est efficace revient à leur ôter un outil éducatif alors que beaucoup se sentent déjà désemparés, dans le contexte d'une société qui trop souvent tolère les mauvais comportements ». D'autres experts, pourtant militants de la lutte contre la maltraitance, contestent ce texte voté, disant que l'arsenal juridique français actuel permet déjà de punir les parents maltraitants, et qu'il est essentiel de « distinguer ces parents maltraitants, et notamment ceux qui ont intégré les châtiments corporels à leur système éducatif, des parents lambda qui, un jour, excédés ou voyant que leur enfant se met en danger, lui donnent une fessée et bien souvent la regrettent aussitôt ».