Dernière mise à jour à 16h47 le 26/12
En Chine, la nouvelle politique de planification familiale permettant à tous les couples d'avoir deux enfants a pris effet le 1er janvier 2016. Mais les attentes ont été revues à la baisse, avec un nombre de nouveau-nés annoncé pour cette année d'un peu plus de 17,5 millions. Soit seulement 950 000 de plus que les 16,55 millions en 2015, et 630 000 de plus que les 16,87 millions en 2014.
Le nombre estimé de nouveau-nés en raison de la nouvelle politique de planification familiale représente 24% des naissances en 2016. Le fait que près de 90 millions de couples soient admissibles pour avoir un deuxième enfant, le nombre réel de naissances ne représentera que 1% des nouveau-nés en 2016.
La tendance générale dans le pays marque le déclin progressif du taux de fécondité total. De plus, le faible taux continu de natalité est devenu une nouvelle norme démographique. Selon l'enquête nationale menée en 2015, qui couvrait 1% de la population chinoise, le taux de fécondité total a chuté à 1,05.
Après le précédent remaniement de la mesure qui permettait aux couples d'avoir deux enfants -si l'un d'eux était enfant unique- entrée progressivement en application en 2014, il n'y a pas eu de baby-boom comme certains l'ont craint. Sur les 11 millions de couples candidats selon l'ancienne politique, seulement 920 000 ont demandé fin 2014 d'avoir un deuxième bébé et le chiffre est passé à 1,39 million en mai 2015.
Les statistiques montrent qu'une écrasante majorité des couples chinois peuvent ne pas être intéressés d'avoir un deuxième enfant. Et les facteurs responsables comme le contrôle strict des naissances au cours des dernières décennies, le faible désir de fertilité et le coût énorme de l'éducation des enfants, ont laissé la Chine dans un piège à faible taux de fécondité.
Le taux de fécondité du peuple chinois se situe généralement d'entre 1,6 à 1,8, ce qui signifie que la politique de second enfant n'est pas susceptible d'atteindre son objectif. Compte tenu de la hausse des coûts de subsistance et de logement, les couples retardent même d'une manière générale la décision d'avoir leur premier enfant. Donc beaucoup d'entre eux ne pensent pas à avoir un deuxième bambin.
En d'autres termes, les couples qui désirent avoir deux enfants ne représentent qu'un petit pourcentage par rapport à ceux qui sont en âge de procréer. Le taux de fécondité établi par les autorités est d'environ 1,8, celui recherché est inférieur à 1,5 et le taux réel voire même inférieur à 1,3.
Même si l'on devrait compter à court terme bien plus de nouveau-nés, les taux de fécondité et de natalité resteront assez bas. Par exemple, dans la province du Zhejiang (est du pays), un total de 152 000 couples concernés par la précédente politique avait demandé fin 2015 d'avoir un second enfant. Mais s'ils représentaient seulement 20% de l'ensemble des admissibles de la province.
A long terme, le total de nouveau-nés par rapport à la population totale de la nation diminuera considérablement en raison du faible taux de natalité, à mesure que le nombre de femmes en âge de procréer diminue. Entre 2015 et 2025, la population des femmes âgées de 24 à 29 ans, l'âge idéal pour devenir maman, est censée passer de 73,87 millions à 41,16 millions. Cela signifie que le nombre de nouveau-nés diminuera de moitié même si le taux de fécondité demeure inchangé d'ici 2025.
Dans les prochaines décennies, la Chine devra donc relever le défi de la diminution et du vieillissement de la population.
(L'auteur de cet article est professeur à l'Institut de la recherche sur la population de l'Université de Beijing.)