Dernière mise à jour à 08h17 le 26/12
Le gouvernement japonais a approuvé un budget de défense record pour l'exercice 2017 qui devrait financer ses ambitions croissantes d'expansion militaire, mais font peser une lourde charge financière sur le pays.
Le budget de défense, en hausse pour la cinquième année consécutive depuis que le Premier ministre Shinzo Abe a pris ses fonctions en 2012, a atteint un niveau record de 5.130 milliards de yens (environ 44 milliards de dollars) pour l'année fiscale débutant au mois d'avril 2017.
Le budget couvrira l'achat de chasseurs F-35A, d'appareils de transport V-22 Osprey et de nouveaux intercepteurs de missiles Standard Missile-3 Block 2A développés conjointement par le Japon et les Etats-Unis.
En outre, le Japon est en train d'accélérer l'établissement de nouvelles forces, dont un peloton amphibie semblable à l'infanterie des Marines, et d'introduire le système de défense antiaérien américain THAAD.
Certains observateurs ont souligné que ce budget colossal surpassait largement les besoins d'un pays tenu par sa Constitution de n'entretenir que des forces armées purement défensives, et montre la tendance croissante du Japon à marcher sur la voie du militarisme.
Actuellement doté d'une armée plus puissante et de nouvelles lois de sécurité, appelées "lois sur la guerre" au Japon, le pays est à présent capable de combattre à l'étranger, en contradiction avec sa propre Constitution.
La Constitution interdit au Japon de maintenir toute capacité à faire la guerre et de recourir à l'armée pour résoudre les disputes internationales. Elle dispose également que le peuple japonais renonce pour toujours à la guerre.
Les dépenses militaires colossales du Japon font peser une charge financière supplémentaire sur la nation, qui est déjà enlisée dans les difficultés financières et dont les dettes restent les plus élevées parmi les pays industrialisés, totalisant plus de deux fois le PIB du pays.
Le Japon attend avec optimisme un revenu fiscal de 57.710 milliards de yens (491 milliards de dollars) pour l'exercice 2017 qui devrait lui permettre de réduire ses dettes de 35,6% à 35,3% dans le budget de 2016.
Selon certains économistes japonais, les projections du gouvernement se fondent sur une prévision trop optimiste de croissance économique de 1,5%. D'après la médiane des estimations des économistes du secteur privé, une croissance de 1% serait plus réaliste.
"La vérité est que la politique économique de M. Abe n'a pas marché", a déclaré Hiroshi Ogushi, chef du conseil des études politiques du Parti démocrate (opposition), qui a souligné que le budget ne disposait pas des bases suffisantes.
Le gouvernement japonais a abaissé ses estimations pour le revenu fiscal de l'exercice 2016 de 1.740 milliards de yens (14,8 milliards de dollars).
Un autre défi pour l'économie japonaise est de résoudre la menace croissante posée par le vieillissement de la population, qui contraint le pays à consacrer un tiers de son budget annuel à la sécurité sociale.
L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a averti que le total des dettes du Japon pourrait atteindre 400% de son PIB d'ici 30 ans si les hommes politiques ne peuvent pas mettre en oeuvre les réformes structurelles.
L'expansion de la puissance militaire du Japon devrait alarmer ses pays voisins qui, en raison du passé militariste du Japon, ont des raisons largement suffisantes de surveiller étroitement les actions du Japon et de rester vigilants face aux intentions réelles du pays.
Etant donné les incertitudes qui pèsent sur l'économie mondiale, le Japon serait mieux avisé d'apaiser les inquiétudes de ses voisins et de développer des relations de coopération gagnant-gagnant, notamment avec la Chine, son proche voisin et plus grand partenaire commercial.