Dernière mise à jour à 08h36 le 26/12
La première autoroute solaire au monde a été inaugurée en France, dans le village de Tourouvre au Perche, en Normandie, une région qui ne passe pas par ailleurs pour être particulièrement ensoleillée. La chaussée fait seulement un kilomètre de long, mais cela fait toujours pas moins de 2 800 mètres carrés de cellules photovoltaïques, ce qui devrait être suffisant pour alimenter les lumières des rues du village. La route a été construite par Colas, une grande entreprise anglo-française de construction. Colas a apparemment travaillé sur sa propre technologie de route solaire, appelée Wattway, pendant au moins cinq ans. Wattway a été testée dans des parkings, mais c'est la première fois qu'elle est utilisée sur une route active. Il y aura maintenant une période d'essai de deux ans, pour voir si Wattway pourra résister au passage de milliers de voitures et de camions par jour, et si elle peut effectivement fournir une quantité utile d'électricité.
Toute utilité mise de côté, le principal problème avec la construction de routes solaires est leur coût rédhibitoire. L'un des principaux points forts pour la vente de Wattway, selon Colas, est que chaque panneau ne fait quelques millimètres d'épaisseur, et peut donc être installé au-dessus d'une route existante, ce qui à son tour réduit massivement les coûts de construction. Certaines critiques n'ont pas manqué de souligner cependant que la route d'1 km en Normandie a coûté pas moins de 5 millions d'Euros, et pour une seule voie d'une route à deux voies. Cela fait 10 millions d'Euros par kilomètre pour une route solaire à deux voies, ce qui ferait plusieurs milliards pour couvrir une partie importante des routes d'un pays avec des panneaux solaires. Et la France compte plus d'1 million de kilomètres de routes, sans compter les routes plus grandes avec plus de deux voies...
Ségolène Royal, la Ministre française de l'écologie, a néanmoins précisé qu'elle avait un objectif beaucoup plus raisonnable à l'esprit : elle aimerait voir les routes solaires représenter 1 kilomètre sur 1 000 en France. En supposant qu'elle entende par là des routes à deux voies solaires à environ 10 millions d'Euros du kilomètre, le coût total serait de 10 milliards d'Euros, en supposant également que les panneaux (et le système électrique qui les accompagne) ne nécessitent pas d'entretien régulier, et qu'ils produisent suffisamment d'électricité pour justifier la dépense initiale beaucoup plus élevée.
Leur efficacité incertaine est l'une des principales raisons pour lesquelles il n'y a pas davantage de routes solaires actuellement en cours de construction. Colas affirme que le rendement photovoltaïque de Wattway est de 15%, ce qui est assez bon (les panneaux que l'on peut installer sur son toit sont à environ 20%), mais cela ne prend pas en compte le fait que les panneaux solaires sont à plat sur le sol, plutôt qu'inclinés vers la trajectoire du soleil, ce qui réduit considérablement leur efficacité à des latitudes plus élevées, sans parler qu'une forte circulation pourrait également bloquer la lumière du soleil, comme la neige, la boue, et peut-être l'eau stagnante après la pluie.
En 2014, une piste cyclable solaire de 70 mètres avait été construite dans la banlieue d'Amsterdam aux Pays-Bas, pour un prix absolument déraisonnable de 3 millions d'Euros. Lors de sa première année, elle a produit environ 3 000 kilowatts-heures (kWh) d'électricité, suffisamment pour alimenter une maison moyenne. Au prix de gros actuel en Europe, cette même somme de 3 millions d'Euros aurait permis d'acheter environ 65 millions de kilowatts-heures d'électricité, assez pour alimenter environ 21 000 foyers pendant un an...