Dernière mise à jour à 13h44 le 02/07
Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a appelé vendredi ses compatriotes à célébrer le 55ème anniversaire du recouvrement de l'indépendance politique burundaise nationale (1er juillet 1962 - 1er juillet 2017) "dans l'unité" tout en veillant sur la consolidation de la sécurité nationale.
Depuis le début des années 1880 jusqu'au moment du recouvrement de son indépendance, le Burundi était placé sous administration coloniale, d'abord allemande (1880-1922) et ensuite belge (1923-1962).
Dans un discours prononcée à la veille de la célébration effective de cet anniversaire, le chef d'Etat burundais s'est dit heureux de constater que cette fête nationale soit célébrée dans "une ambiance de joie" à la suite de la paix et de la sécurité entièrement recouvrées sur le territoire nationale, deux ans après l'éclatement de la crise électorale burundaise d'avril 2015.
Au lendemain du recouvrement de son indépendance, le Burundi a cependant connu "plusieurs crises cycliques sanglantes", dont les années repères sont 1965, 1972, 1988, 1991 et 1993.
"Cette fête est une journée mémorable et de joie inestimable pour cette victoire du peuple burundais, célébrée dans la concorde nationale avec un focus sur la vigilance sécuritaire, et ce, pour marcher sur les traces des héros de l'indépendance burundaise, qui l'ont payé si chers, en subissant des traitements inhumains et dégradants, jusqu'à ce que morts s'en suivent pour certains", a insisté le président burundais.
Sur ce, le président Nkurunziza a interpellé ses compatriotes à "serrer les coudes" pour barrer à la route "aux tenants des visées néocolonialistes, lesquels n'ont jamais désarmé à rééditer leurs manœuvres déstabilisatrices et dominatrices, aussi bien dans le passé qu'à ce jour".
Il a rappelé qu'avant l'avènement des colonisateurs dans le pays, le Burundi, encore placé sous un régime monarchique, était "une nation d'honneur, apaisée, bien organisée, respectueuse d'elle-même et qui se fait respecter avec des habitants liés par une unité multiséculaire".
"Que ce soit les premiers (Allemands) ou les seconds (Belges), tous étaient liés par un modus vivendi au niveau de leur mode opératoire : déshumaniser les Burundais en leur traitant comme des personnes ignorants, bêtes et immatures et en détruisant les fondements du pouvoir politique, économique, social et culturel de la nation burundaise sur fond d'instauration des lois et règlements donnant le lit à des massives violations des droits humains", a-t-il expliqué.
Toutefois, a-t-il nuancé, bien que les régimes coloniaux aient autant de maux au sein de la nation burundaise, force est de constater cependant qu'ils auront eu le mérite de poser les premiers jalons du développement socio-économique du Burundi moderne, a reconnu le président Nkurunziza.
Le président burundais a évoqué notamment le lancement d'un mouvement national pour l'alphabétisation pour les Burundais jusque-là "totalement analphabètes", la mobilisation nationale pour la construction des écoles et des centres de santé à travers tout le pays, l'introduction des cultures commerciales industrielles dans comme le café, le thé, le coton et bien d'autres.
Il a invité également ses compatriotes à un "examen de conscience" pour analyser les "rôles néfastes" joués par certains d'entre eux à titre de "ventriotes" au niveau des faits et gestes pour appuyer les régimes coloniaux et postcoloniaux aux dépens des processus démocratiques nationaux cinquante cinq ans après le recouvrement de l'indépendance.
"Ainsi, pendant toutes ces longues années, à cause des immenses maux exercés en amont et en aval par des ventriotes burundais uniquement soucieux d'assouvir leurs propres intérêts au profit des colonisateurs, la paix et la sécurité n'ont cessé d'être sapées et perturbées, ponctuées de temps à autre par des bains de sang", a-t-il fustigé.
Le président Nkurunziza a recommandé à ses compatriotes qui ont preuve d'un tel comportement dans le passé, de "faire un sursaut patriotique" en y renonçant à jamais dans l'intérêt supérieur de la paix et de la cohésion nationale.
Sur ce chapitre, il s'est adressé particulièrement à ceux qui se sont illustrés dans des "divisions ethniques" avec le retour au processus démocratique au Burundi depuis les années 1990.
Le président Nkurunziza a interpellé particulièrement "certains étrangers camouflés" derrière quelques Burundais pour saboter le processus de la Commission Vérité Réconciliation (CVR) du Burundi, dont la loi portant sur sa création a été promulguée en mai 2014.
"Que de tels étrangers sachent qu'ils ont une grosse dette aux Burundais pour leur avoir spolié leurs richesses, pour avoir commandité leurs leaders, et qu'ils sont comptables des orphelins, des veuves, ainsi que des pleurs et des angoisses se trouvant dans des familles burundaises", a-t-il fait remarquer.
Selon le président burundais, de tels étrangers, au lieu de continuer "d'ajouter du mal au mal", ils devraient plutôt se faire violence en "demandant pardon au peuple burundais et en dédommageant celui-ci".
Par ailleurs, le président Nkurunziza a annoncé que son gouvernement "combattra avec la dernière énergie" certains étrangers qui seront attrapés en train de se cacher derrière les aides accordées au Burundi, pour "saper les efforts en cours pour ressouder le tissu national", particulièrement en ce qui concerne l'unité et la cohésion entre les diverses composantes ethniques burundaises.
M. Nkurunziza a révélé également que parmi les chantiers actuels et futurs pour le Burundi, son gouvernement a ciblé particulièrement les jeunes générations pour qu'une fois unies autour de l'amour de la patrie et du travail, elles puissent être à l'avant-garde de "la vigilance sécuritaire" pour consolider l'indépendance nationale.
C'est dans ce cadre, a-t-il expliqué, qu'il faut comprendre l'institutionnalisation des cours de civisme dans tous les cursus de l'enseignement au Burundi.
Les jeunes Burundais, a-t-il recommandé, doivent désormais se voir inculqués les "grandes valeurs d'humanisme, de bravoure, d'intégrité et de tolérance" pour prétendre être dans le futur des dirigeants responsables, fiers d'être des Burundais et "faisant honneur" au peuple burundais dans le concert des nations.
Dans ce cadre, a-t-il annoncé, "d'intenses" enseignements seront dispensés aux différents segments de la jeunesse burundaise, pour leur inculquer notamment le sens du devoir patriotique et le respect de la parole donnée, en l'occurrence celle du verdict des urnes.
Au sujet des prochaines échéances électorales burundaises projetées en 2020 et à futures, le président Nkurunziza a appelé ses compatriotes à s'y préparer déjà en "misant d'abord sur leurs propres forces" au lieu de compter et avant tout sur l'appui étranger dans le cadre de la consolidation de l'indépendance nationale.
"Nous devons tirer des leçons importantes des processus électoraux burundais initiés dans le pays depuis celui de 1961 jusqu'à très récemment en 2015, pour bien se préparer aux prochaine échéances électorales de 2020 et futures en comptant essentiellement sur des efforts nationaux, pour rompre à jamais avec les anciennes pratiques burundaises tendant à miser sur les financements des élections à partir des appuis étrangers", a-t-il plaidé.
Pour le président Nkurunziza, cette recommandation est d'autant pertinente d'autant plus que certains pays étrangers, sont animées par "une vive volonté de semer l'insécurité et le chaos au Burundi pour mieux piller les richesses nationales et appauvrir les Burundais, afin que ceux-ci soient obligés de se tourner vers eux pour leur quémander de l'aide".
"Chaque burundais est encouragé à verser ses contributions selon ces capacités ; et, de la sorte, les Burundais, pourront démontrer à la face du monde, qu'ils sont capables de consolider leur indépendance et leur démocratie en misant sur leurs propres forces, via l'organisation des élections justes et crédibles, sans devoir dépendre des appuis étrangers", a-t-il affirmé.