Dernière mise à jour à 09h50 le 29/09
Alors que les médias sociaux ont démontré leur efficacité comme moyen de communication, le gouvernement zimbabwéen est préoccupé par les abus que pourraient en faire certains usagers dans le but de provoquer des troubles politiques ou de soutenir l'opposition à l'approche des élections de 2018.
La vague récente d'achats en panique de denrées essentielles qui a frappé les magasins, vidant littéralement des rayons de certaines boutiques et provoquant une envolée des prix de certains produits, a été attribuée à des fausses annonces sur les médias sociaux, et le ministre des Finances et du Développement économique, Patrick Chinamasa, a mis en garde que le gouvernement mettrait en place des mesures draconiennes contre "les saboteurs économiques".
Le Zimbabwe a ses défis, mais il y a des tentatives de certaines forces pour déstabiliser le pays en provoquant des troubles économiques, a déclaré M. Chinamasa, cité par le journal New Ziana jeudi.
Les messages trompeurs sur les médias sociaux ont provoqué une vague d'achats en panique qui a eu pour conséquence une pénurie artificielle de carburant et de certains produits que les gens amassaient.
"Cela a été une surprise complète pour la plupart d'entre nous, en fait cela a fait l'effet d'une explosion car il n'y avait pas de pénurie sur le marché, et ce qui s'est passé n'était pas du tout en accord avec la situation en vigueur dans l'économie", a déclaré le ministre des Finances à une conférence des médias mercredi.
"Les développements de cette économie sont très positifs et tous les indicateurs vont dans le bon sens, la trajectoire est en bonne voie", a-t-il dit.
Le gouvernement suivra l'orientation de l'Union européenne en adoptant des lois strictes pour lutter contre l'usage abusif des médias sociaux et d'autres nouvelles technologies pour propager des mensonges, a dit M. Chinamasa.
Avec l'approche des élections, le gouvernement soupçonne que certaines personnes pourraient utiliser les médias sociaux pour soutenir l'opposition en soulignant des torts supposés du gouvernement, a-t-il dit.
Dimanche, la police a arrêté un pasteur connu pour utiliser les médias sociaux pour exprimer son mécontentement à l'égard des torts ou échecs du gouvernement, après qu'il a mis en ligne une vidéo montrant de longues files d'attente d'automobiles et véhicules devant certaines stations d'essence à Harare.
L'État souhaite également inculper Evan Mawarire d'incitation du public à la révolte contre le gouvernement, après les propos qu'il a tenus dans un clip vidéo.
La Reserve Bank of Zimbabwe a aussi été confrontée à un certain nombre de désinformations et elle a été obligée de publier des avertissements réfutant différentes décisions politiques qu'elle aurait prétendument adoptée selon certains médias sociaux.
Le gouvernement prépare une loi visant à sanctionner l'utilisation "abusive" des médias sociaux par une peine de cinq ans de prison dans ses efforts pour étendre sa loi au cyberespace.
Selon ce projet de loi, toute personne résidant au Zimbabwe ou à l'étranger pourrait être reconnue coupable d'avoir produit, possédé ou diffusé intentionnellement des communications électroniques dans l'intention de contraindre, d'intimider, de harceler, de menacer d'autres personnes ou de provoquer des réactions d'émotion ou de détresse.
Le projet de loi sur la criminalité informatique et sur la cybercriminalité, et les deux lois complémentaires sur les technologies de l'information, ont pour but de réglementer le cyberespace suite à un certain nombre d'actes de désobéissance civile provoqués par des messages sur des médias sociaux tels que WhatsApp, YouTube et Facebook.
Le Zimbabwe a connu une forte hausse du taux de pénétration de l'Internet mobile grâce à la prolifération de smartphones bons marché et de paquets de débits abordables.
Selon des statistiques de 2016 de l'autorité de régulation des télécommunications du pays, Potraz, le nombre d'abonnements actifs à l'Internet mobile s'est élevé en fin 2015 à 6,5 millions de personnes, soit près de la moitié de la population totale du pays.